« Nous avons fait la prospérité des autres nations, alors que la richesse, la puissance et la confiance de notre nation se sont évaporées. » Jamais on n'aurait imaginé un tel spectacle. Durant seize minutes, ce 21 janvier 2017, le nouveau président des États-Unis, Donald Trump, s'est livré à un réquisitoire contre la politique suivie par ses prédécesseurs et les élites dirigeantes américaines depuis un quart de siècle. Un discours non policé, dont chaque mot était une flèche. Il suffisait de voir les mines des personnalités assises derrière lui, dans la tribune, pour prendre la mesure de cette rupture que représente l'élection du 45e président des États-Unis.
Le microcosme de Washington n'était pas habitué à se faire ainsi morigéner. Le nouvel hôte de la Maison-Blanche était son ennemi avant le scrutin. Il l'est encore plus depuis. Pourtant, le constat de Donald Trump sur la situation de son pays n'est pas dénué de fondement. Quant à sa politique économique, elle peut être résumée en quelques idées simples. Simplistes, diront ses détracteurs.
L'héritage d'Obama
« J'hérite d'un pays qui doit faire face à de gigantesques trous », déplore-t-il, faisant allusion à la dette et aux déficits commerciaux. Pour les résorber, recréer de l'emploi aux États-Unis, notamment dans l'industrie manufacturière, récupérer de la matière fiscale (les multinationales américaines ont délocalisé 2 400 milliards de dollars dans les paradis fiscaux), Donald Trump remet en cause le dogme libre-échangiste à l'oeuvre depuis le début des années 1990. La date est importante car le nouveau président s'inscrit dans les pas de Ronald Reagan, qui fut le chantre du nouveau paradigme économique de cette économie de l'offre et du triomphe des idées de Milton Friedman par rapport à celles de John Maynard Keynes.
Ronald Reagan, en 1980, avait organisé sa campagne électorale autour de deux grands thèmes : America great again et la réindustrialisation du pays. Avec comme corollaire la dérégulation, la baisse de la fiscalité sur les entreprises et une offensive contre le Japon, soupçonné d'accumuler les excédents commerciaux, de manipuler sa monnaie et de vouloir coloniser les États-Unis. Ce sont, très exactement, ces mêmes thèmes qu'a repris Donald Trump, à cette différence près que la Chine a remplacé le Japon. Au début des années 1980, les industriels japonais de l'automobile et de l'électronique tenaient le haut du pavé. Dans le secteur clé de l'électronique de défense, les Américains allaient s'apercevoir de leur dépendance à l'égard de firmes comme Sharp pour les écrans à cristaux liquides. Bref, la mise en oeuvre des Reaganomics passait par un bras de fer avec Tokyo et la relance sur le sol américain d'un certain nombre de filières industrielles.
Il est vrai que le monde a changé. La globalisation est passée par là. Mais après l'euphorie des années 1990 qui ont vu l'ouverture des frontières, les traités de libre-échange, l'OMC et les délocalisations massives qui s'ensuivirent, le nouveau millénaire a apporté sa part de désenchantement. Après une quinzaine d'années de prospérité ce fut une décennie de déclin, la faillite de Lehman …
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