Finalement, la grâce de la présidence n'est pas venue effleurer Donald Trump telle la colombe du Saint-Esprit. Il fallait être naïf pour penser qu'en prêtant serment le 20 janvier 2017 il allait devenir autre chose que ce qu'il avait été depuis plus d'un demi-siècle : l'adolescent exclu de l'école pour avoir boxé un professeur ; le jeune loup qui fonçait dans la jungle de l'immobilier à Manhattan ; le bateleur qui collectionnait les audiences record à la télévision en virant sans ménagement les candidats qui avaient déplu (1). Ces diverses activités ont contribué à forger une extraordinaire réussite qui a fait de lui, à l'âge de 70 ans, une vedette et un milliardaire. Lorsqu'il endossa, en janvier 2017, les habits du 43e successeur de George Washington (2) (qui avait d'ailleurs lui-même une assez courte formation politique), Donald Trump ne voyait aucune raison de modifier cette fructueuse trajectoire.
Pourquoi sa dernière et ultime entreprise - la présidence des États-Unis - n'aurait-elle pas bénéficié de cette même vocation à surmonter les défis les plus improbables ? Donald Trump l'a cru, et avec lui près de la moitié de l'électorat américain. L'idée générale était que ses principes de management, largement exposés dans une vingtaine d'ouvrages dont le plus fameux s'intitule L'Art du deal, allaient s'appliquer à la gestion de la plus grande puissance du monde. Hélas, son plan n'a pas fonctionné comme il l'aurait voulu.
Des débuts chaotiques
Il est communément admis que, dans la dernière ligne droite, les finalistes d'une élection présidentielle se préparent à gouverner, qu'ils établissent un programme détaillé et recrutent une équipe chargée, en cas de victoire, d'embaucher l'énorme contingent de collaborateurs appelés à prendre la relève des sortants. Dès que le président est élu, son entourage doit recruter environ 4 000 personnes, un quart de ces nominations devant être confirmées par le Sénat.
Pour être honnête, toutes les transitions comportent leur part de chaos. Celle de Bill Clinton en 1992, par exemple, était considérée jusqu'à maintenant comme la plus cafouilleuse. Lorsqu'on regarde les débuts de Donald Trump, on se demande si la victoire ne l'a pas pris par surprise. On aurait pu penser qu'un novice de la politique allait avoir sous la main quelques techniciens familiers des rouages de la Maison-Blanche. En fait, le nouveau président a préféré puiser dans ce qu'il connaissait : un mélange hétéroclite de Wall Street, du Pentagone et du cercle de famille.
L'une des premières victimes de l'organigramme a été le gouverneur du New Jersey, Chris Christie. Lui-même ex-candidat, il s'était pourtant accroché à la comète Trump à un moment où la plupart annonçaient une explosion en plein vol. Malheureusement, il avait auparavant occupé un poste de procureur qui lui avait donné l'occasion d'envoyer en prison pour fraude fiscale le père de Jared Kushner, le gendre du président. Un faux pas qui semble avoir pesé lourd dans son éviction. Cet épisode illustre en tout cas l'une des méthodes que Donald Trump a importées de son passé d'homme d'affaires : il aime aiguiser les …
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