Les guerres par procuration que se livrent l'Iran et l'Arabie saoudite sont entrées dans une phase à haut risque. Sous l'impulsion de Riyad, une coalition de pays arabes commence à se mettre en place pour barrer la route à une théocratie iranienne déterminée à étendre son influence dans tout le Moyen-Orient.
Cette ambition du régime chiite de Téhéran est ressentie par les États arabes - majoritairement sunnites, rappelons-le - comme une véritable offense, une violation pure et simple de leurs identités et souverainetés nationales. Elle inquiète également Israël qui refuse de s'accommoder de l'installation militaire durable des Gardiens de la révolution iraniens sur le sol syrien après la débâcle de Daech en Syrie et en Irak.
C'est le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui le dit : pour la première fois, les pays arabes se sont rassemblés de facto autour d'Israël afin d'endiguer une menace commune, celle du régime des mollahs. Cette alliance inédite compte un soutien de poids : l'administration Trump qui affirme aussi vouloir repousser le régime iranien à l'aide d'une coalition internationale. Aux yeux de Washington, en effet, la République islamique représente la source première d'insécurité dans la région et enfreint l'esprit de l'accord nucléaire conclu en 2015 - un accord qui ne visait pas seulement à interdire à Téhéran de fabriquer des armes nucléaires mais qui était, aussi, perçu comme un outil susceptible de contribuer à la stabilité et à la paix au Moyen-Orient en atténuant les rivalités et en empêchant une course aux armements nucléaires parmi d'autres États de la région.
En décertifiant l'engagement de Téhéran envers cet accord, Donald Trump a ouvert la voie à de nouvelles sanctions contre les Gardiens de la révolution et leur milice étrangère, le Hezbollah libanais (1). Il a surtout réussi à mettre à l'ordre du jour un problème que l'administration Obama avait volontairement négligé : celui de la politique régionale du régime iranien, conduite essentiellement par la « Force Qods », la puissante branche extérieure des Gardiens de la révolution (Pasdaran).
Reste à savoir ce que cherche exactement Téhéran en confiant aux militaires la mise en oeuvre de sa politique régionale. Pour y répondre, il convient d'abord d'effectuer un bref détour historique. Car l'aspiration iranienne à exercer une emprise déterminante sur les pays voisins n'est pas apparue avec l'arrivée au pouvoir des mollahs en 1979...
Le Chah, un précurseur ?
Bien avant l'avènement de la République islamique, Mohammad-Reza Chah Pahlavi voulut étendre l'influence iranienne au Moyen-Orient. Mais à la différence des mollahs qui s'emparèrent du pouvoir après sa chute en 1979, le Chah conduisait sa politique régionale dans le contexte de la « guerre froide » et en tant qu'allié stratégique des États-Unis et ami de tous les pays de la zone, y compris Israël. Souverain d'un État où l'adhésion au marxisme était passible d'emprisonnement, le Chah ne pouvait se montrer indifférent face à la menace de la propagation du communisme dans son voisinage. Son propre pays, qui partageait plus de 2 500 km de frontières avec l'Union …
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