« Pourquoi ne peut-on pas s'en servir ? Pourquoi ne peut-on pas s'en servir ? » (1). Pendant la campagne, Donald Trump avait posé cette question avec insistance à l'un de ses conseillers de politique étrangère avec lequel il s'entretenait des armes nucléaires. Comment, dès lors, ne se serait-on pas inquiété du pouvoir que son élection lui offrait subitement ?
Le moins que l'on puisse dire est que ces inquiétudes sont allées croissant depuis lors. Car non seulement la personnalité du président s'est révélée particulièrement abrupte et prompte aux caprices, mais l'évolution de la situation internationale ne s'est guère améliorée - y compris de son fait.
Donald Trump fait aujourd'hui face à deux crises à dimension nucléaire - l'une avec la Corée du Nord, l'autre avec l'Iran. Il a approuvé, en 2018, une nouvelle politique nucléaire destinée à renforcer la dissuasion américaine. Dans ce contexte, les craintes d'une initiative malencontreuse du président des États-Unis - qui peut, seul, déclencher l'apocalypse - se sont avivées au point de susciter une réflexion du Congrès sur les moyens de limiter ses pouvoirs dans ce domaine. Faut-il avoir peur ?
Les deux crises nucléaires de la présidence Trump
Les ambitions de Pyongyang
On savait que le programme nucléaire nord-coréen avançait patiemment vers son objectif ultime : disposer d'un missile intercontinental doté d'une charge nucléaire. Pour dissuader les États-Unis d'abord et avant tout, bien sûr, et se prémunir ainsi contre toute velléité américaine de « changement de régime ». Mais aussi, sans doute, pour altérer le statu quo dans l'environnement régional du pays - voire, un jour, changer les termes d'une éventuelle réunification de la péninsule.
Les observateurs ont toutefois été surpris de la rapidité des progrès récents de la Corée du Nord, dont l'arsenal a connu en quelques mois un saut quantitatif et qualitatif. En 2017, Pyongyang a à la fois démontré sa capacité à franchir la portée intercontinentale et à concevoir des engins nucléaires de forte énergie. La Corée du Nord peut-elle déjà « marier » les deux savoir-faire et, donc, menacer le territoire américain d'une frappe nucléaire ? Ce n'est pas certain : même les services américains de renseignement, début 2018, avaient des avis divergents sur le sujet. Mais, d'une certaine manière, peu importe : du point de vue des planificateurs militaires, il est désormais prudent de partir du principe qu'elle dispose de cette capacité... Donald Trump a réagi à ces évolutions d'une façon pour le moins brutale. D'abord, en improvisant le 8 août 2017 sa fameuse déclaration selon laquelle si la Corée du Nord continuait de « menacer » les États-Unis, elle subirait « un feu et une fureur que le monde n'a jamais vus » (2). Ce qui avait été traduit plus calmement, dans une déclaration écrite du secrétaire à la Défense Jim Mattis, de la manière suivante : « La Corée du Nord doit cesser d'envisager des actions qui conduiraient à la fin de son régime et à la destruction de son peuple » (3). Ensuite, à la tribune …
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