S'il s'agissait d'un western de Sergio Leone, on dirait, ce trimestre, que les « bons » ont provisoirement cédé la place aux « brutes » et aux « truands » : de Poutine l'implacable à Assad le sanguinaire, d'Erdogan le paranoïaque à Kim Jong-un le manipulateur, ce sont les leaders les plus cyniques, les plus inflexibles et les plus mégalomanes qui, depuis quelque temps, occupent le devant de la scène et font le spectacle.
Mais peut-être le vent est-il déjà en train de tourner, comme on a pu le constater, dans la nuit du 13 au 14 avril, à l'occasion des frappes ciblées contre la Syrie...
Bref, on attend avec impatience le dénouement du film.
Ce qui est sûr, en tout cas, c'est que, d'un bout à l'autre de la Terre, subsistent des interrogations multiformes qui font la « Une » des gazettes et auxquelles ce Numéro de printemps s'efforce de répondre. Celles-ci, par exemple, glanées au hasard :
- Le discours de plus en plus violemment anti-occidental du Président turc est-il compatible avec l'appartenance de son pays à l'Otan ?
- La nouvelle « glaciation » qui caractérise les relations du Kremlin avec l'Ouest est-elle appelée à durer et, dans l'affirmative, quel peut en être le coût ?
- En politique étrangère, Donald Trump brouille-t-il les cartes par tactique ou, comme le disent ses contempteurs, par incompétence ?
- Comment le Kazakhstan, cette ancienne république soviétique de 17 millions d'habitants, est-il devenu un acteur qui pèse sur la scène internationale ?
- Au moment où ils célèbrent le centenaire de leur indépendance, les États baltes ont-ils de vraies raisons d'être inquiets ?
- L'Espagne sortira-t-elle indemne de la crise catalane ?
- La bonne santé de l'économie portugaise est-elle le fruit de « recettes » transposables à d'autres États de l'Union européenne ?
- Le Pakistan est-il réellement complaisant envers les combattants djihadistes ?
- En Libye, une solution politique est-elle encore possible ?
- En Algérie, Abdelaziz Bouteflika, dont l'impotence est notoire, envisage-t-il réellement de solliciter un 5e mandat présidentiel ?
- Au Mexique, comment le candidat qui sortira des urnes en juillet prochain s'y prendra-t-il pour réussir là où ses prédécesseurs ont tous échoué (trafic de drogue, violences endémiques, corruption) ?
- De l'Union européenne au Bangladesh en passant par la Syrie, le Yémen, le Sud-Soudan, l'Afghanistan..., ce sont 65 millions de réfugiés et de déplacés que compte la planète. Que peut réellement l'ONU pour ces malheureux ? Le Haut-Commissariat aux Réfugiés a-t-il les moyens de sa générosité ?
On le voit, c'est à un véritable tour du monde que nous convions nos lecteurs ce printemps. Un tour du monde éclairé par les analyses de ceux qui décryptent la réalité internationale et de ceux qui, aux manettes, la façonnent. José Maria Aznar ouvre la liste de ces personnalités prestigieuses. Celui qui, de 1996 à 2004, a gouverné l'Espagne reste un observateur avisé, respecté et sollicité. En redécouvrant, cette fois encore, la constance et la vigueur de ses convictions, comment ne pas songer à ce bel aphorisme de Goethe : « Il reste toujours assez de force à chacun pour accomplir ce dont il est convaincu » ?
À toutes et à tous : bonne lecture.