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États-Unis : les inconnues de la mi-mandat

Depuis plusieurs mois, les augures semblent formels : la Chambre des représentants va changer de majorité en novembre et il n'est pas impossible que le score du Parti démocrate lui permette aussi de s'emparer du Sénat. Au sein du parti, d'ailleurs, on n'hésitait plus jusqu'au début de l'été à prédire un tsunami et une vaste opération de reconquête du centre des États-Unis - ces États qui ont sombré dans le « trumpisme » en 2016.

Pourquoi les démocrates devraient-ils gagner ?

Symbole de cette bérézina annoncée, début juin, 44 élus républicains de premier plan, dont Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants en personne, avaient préféré renoncer à leur poste plutôt que de subir une défaite humiliante dans un combat perdu d'avance. Ces hommes et ces femmes seraient donc dans l'incapacité de retrouver leur siège alors que, généralement, le simple fait d'être le sortant assure une réélection quasi certaine et que les États dans lesquels ils se présentent ont tous été remportés par Donald Trump il y a moins de deux ans - avec, dans la plupart des cas, 20 voire 25 points d'avance sur Hillary Clinton ?

Les défections de ces personnalités ont été présentées comme une nouvelle victoire des conservateurs populistes face aux républicains modérés ou aux néoconservateurs. L'élection de 2016 n'a pas été plus simple à droite qu'elle ne l'a été à gauche : la campagne de Trump s'est d'abord heurtée au scepticisme du Parti républicain, et de nombreux courants au sein du parti ont refusé de soutenir sa candidature. Le mouvement « Never Trump » a réuni une douzaine de sénateurs et 25 députés républicains qui ont affirmé publiquement qu'ils ne voteraient pas pour lui. Mais il est important de se rappeler que Trump a conquis la Maison-Blanche parce qu'il a séduit une catégorie de la population qui a toujours été le coeur de cible du Parti républicain et du mouvement conservateur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quel que soit le nom qu'on lui donne - la majorité oubliée, la majorité silencieuse, la majorité morale, le Tea Party -, c'est bien d'un seul et même groupe qu'il s'agit. Depuis les supporters du sénateur Taft en 1952 jusqu'à ceux de Trump en 2016, les Américains des classes populaires, à tendance populiste, ont souvent voté plus volontiers pour les républicains, et ils l'ont fait parce que ces républicains s'opposaient avec force à ceux qui sont éloignés de leurs préoccupations tout en se montrant très actifs dans la défense des intérêts des petites gens. Robert Taft, Barry Goldwater, Ronald Reagan et Newt Gingrich ont su freiner les velléités des élites de la nation qui voulaient être seules à gouverner. Comme eux, Trump a capté le vote conservateur, ce que ni George W. Bush ni Mitt Romney n'avaient réussi à faire.

La tradition veut que le parti au pouvoir perde les élections intermédiaires : en corrigeant leur vote présidentiel, les électeurs envoient un signal à l'hôte de la Maison-Blanche. Ils se servent aussi de ce …