Le Brexit ne fera que peu de gagnants : si les pêcheurs britanniques et la ville d'Amsterdam (qui récupère l'Agence européenne du médicament aux dépens de Londres) peuvent espérer des retombées positives, la plupart des autres villes et secteurs d'activité à travers l'Europe souffriront, à des degrés divers, de la décision prise le 23 juin 2016 par 51,9 % des électeurs britanniques de quitter l'Union européenne.
Le Royaume-Uni lui-même, à en croire de nombreux rapports et études sur la question, sera sans doute le principal perdant du Brexit. En effet, les investissements étrangers sont d'ores et déjà en baisse, les entreprises multinationales comme Toyota attendant d'y voir plus clair avant d'augmenter la capacité de production de leurs usines sur le territoire britannique. Pour leur part, les banques de la City n'ont pas attendu : elles prospectent activement à Francfort, à Dublin et à Paris pour ouvrir des bureaux et transférer une partie de leurs effectifs afin de poursuivre leurs activités au sein du Marché unique, quelle que soit l'issue des négociations en cours. Quant aux accords commerciaux que le gouvernement compte signer avec des États tiers, ils ne seront pas plus avantageux que les accords actuels négociés par l'Union européenne avec ces mêmes États : Londres n'obtiendra pas de la Chine ou des États-Unis les concessions qu'ils ont refusées à Bruxelles.
Pour ce qui est de l'influence diplomatique, on n'imagine guère un Royaume-Uni isolé peser davantage sur la scène mondiale qu'aujourd'hui. S'agissant de l'immigration, les restrictions deviendront sans doute plus importantes, mais encore faudra-t-il les faire respecter - ce qui ne va pas de soi au vu de l'intensité des pressions migratoires, surtout si la France remet en cause les accords du Touquet sur la gestion des migrants dans les ports français comme Calais. Et à quel prix ? Les Britanniques, nombreux à s'expatrier sur les côtes espagnoles ou en Dordogne, ne pourront plus prétendre aux mêmes droits que les autres ressortissants de l'Union européenne, par exemple en matière de protection sociale. Chez eux, les secteurs dépendants de la main-d'oeuvre européenne, comme les hôpitaux, la restauration ou l'hôtellerie, seront frappés de plein fouet. Enfin, le Brexit pourrait précipiter l'éclatement du Royaume-Uni : les Écossais qui avaient rejeté de justesse l'indépendance en 2014 - à 55 % -, en partie parce que cela impliquait de quitter l'UE, se sont prononcés à 62 % pour le « Remain » en 2016. On ne peut donc exclure qu'à l'avenir une majorité d'Écossais décide de quitter le Royaume-Uni afin de rester au sein de l'Union européenne.
Les vingt-sept autres États membres subiront le contrecoup du Brexit mais, parmi eux, c'est sans conteste l'Irlande qui sera le plus durement touchée. En effet, des liens nombreux et étroits l'unissent au Royaume-Uni, à tous les niveaux : culturels, sociaux, familiaux, politiques, industriels, économiques et commerciaux, pour ne citer que ceux-là. Ces liens se sont tissés dans le cadre de l'Union européenne, favorisant les échanges et des coopérations mutuellement bénéfiques. La décision britannique de quitter l'Union ne pourra …
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