L'Inde aborde l'année 2019 avec une échéance politique cruciale en vue : l'élection générale qui permettra de renouveler la Chambre basse et de porter au pouvoir un nouveau gouvernement central. Le premier ministre actuellement en place, Narendra Modi, entend bien rempiler pour un second mandat de cinq ans, idéalement en améliorant son score précédent. Le défi est de taille car sa formation politique, le BJP (Bharatiya Janata Party - Parti du peuple indien), a remporté une victoire « historique » lors du scrutin précédent en obtenant à elle seule une majorité absolue de 282 sièges sur 543 - ce qui n'était plus arrivé depuis trois décennies (1). Le grand parti du Congrès national indien, dirigé par la dynastie des Nehru-Gandhi, s'est, lui, effondré lors de cette même élection en enregistrant les pires résultats de son histoire avec 44 sièges seulement.
La victoire du BJP en 2014 a été, en grande partie, celle de Modi et de ses promesses de développement. Cet ambitieux dirigeant de « province » s'est en effet engagé à appliquer à l'échelle de l'Inde les recettes « pro-business » qui ont fait la fortune du Gujarat, un État dynamique de l'ouest du pays qu'il a administré de 2001 à 2014 et qui s'est imposé comme un pôle d'attraction pour les grands industriels indiens. À ces promesses de croissance se sont ajoutées celles du « développement pour tous », de la lutte contre la corruption - laquelle avait gangrené, il est vrai, le gouvernement sortant dirigé par le parti du Congrès -, de la « bonne gouvernance » et, plus globalement, de « jours meilleurs ». Par son énergie, sa détermination, son positionnement « hors establishment » et son habile utilisation des technologies de l'information, Modi a galvanisé les électeurs et créé d'immenses attentes.
Mais si Modi, et avec lui le BJP, ont conquis le pouvoir en 2014 sur les thèmes du développement et de la bonne gouvernance, l'on ne saurait oublier que l'un et l'autre appartiennent à une même mouvance : celle du nationalisme hindou. Alors que l'Inde indépendante s'est construite sur les principes du multiculturalisme et du sécularisme (laïcité à l'indienne), cette idéologie, née il y a plus d'un siècle, voudrait définir la nation indienne à partir de sa seule composante hindoue. Elle entend faire advenir un État hindou, c'est-à-dire reconnaissant pleinement le système de valeurs de la communauté confessionnelle majoritaire et cantonnant les membres des minorités chrétienne et musulmane dans un statut de citoyens de second ordre. En dépit de ses allures de grand modernisateur, tourné vers les technologies du futur, Modi est avant tout un produit de cette idéologie revivaliste.
Un mode de gouvernance centralisé et autoritaire
Les cinq années de pouvoir de Modi ont été marquées par une telle volonté de contrôle et une telle tendance à la centralisation qu'elles rappellent à de nombreux observateurs indiens le glissement autoritaire et populiste d'Indira Gandhi durant la première moitié de la décennie 1970.
Centralisation du pouvoir et réformes
Modi a choisi de gouverner l'Union indienne …
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