L'irruption de la Chine sur la scène africaine n'en finit pas de faire des vagues. À tort ou à raison. Pris de court et voyant leurs intérêts menacés, les partenaires historiques de l'Afrique et les États-Unis tentent de réagir en proposant - trop tardivement ? - une « nouvelle ère » des relations avec le continent noir. À Pékin, de plus en plus d'observateurs et d'opposants au régime chinois pointent du doigt une diplomatie du chéquier qui sacrifierait la masse des Chinois pauvres sur l'autel des ambitions de politique extérieure de leur gouvernement. À l'inverse, une frange de la population africaine accuse la République populaire de faire main basse sur le continent à bon compte, quand une autre voit dans la présence chinoise une source inespérée de développement.
Ce qui est sûr, c'est que l'empire du Milieu n'est pas entré en Afrique par effraction. Son positionnement sur l'échiquier politique africain était prévisible. Dès le milieu des années 1950, la politique étrangère tiers-mondiste de Mao pose les premiers jalons de la future coopération avec un continent noir alors en voie de décolonisation et en rupture de ban avec les puissances tutélaires (France, Royaume-Uni, Espagne, Portugal et, dans une moindre mesure, Italie). Pékin accentue sa présence à partir de 1978, à la faveur des grandes réformes et de l'ouverture au monde initiées par Deng Xiaoping et poursuivies avec plus ou moins de bonheur par ses successeurs.
Plusieurs décennies et ajustements stratégiques plus tard, voilà donc la Chine qui s'impose et en impose en Afrique, du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Au lendemain du tout récent Sommet sino-africain de septembre 2018 à Pékin, elle exhibe ses muscles et affiche de nouvelles ambitions que ses concurrents occidentaux auront bien du mal à lui disputer : elle souhaite consolider son rang de premier partenaire économique de l'Afrique en accroissant ses investissements, déjà substantiels, dans les secteurs minier et énergétique (13 % de ses importations de pétrole proviennent déjà d'Afrique) ; en renforçant sa politique de grands travaux pour offrir davantage de débouchés à sa gigantesque industrie du BTP (d'ores et déjà, ses entreprises détiennent plus de 40 % de parts de marché d'un secteur estimé à plus de 20 milliards d'euros par la Banque mondiale, et pourraient rafler la moitié du marché à l'horizon 2025) ; et en développant des secteurs économiques prometteurs mais encore insuffisamment exploités comme la riziculture, la pisciculture ou l'industrie textile. D'une part, pour contribuer à l'autosuffisance alimentaire en Afrique ; d'autre part, pour faire face à la hausse continue des salaires en Chine au cours des dernières années en transférant une partie de sa production industrielle dans des pays à faible coût de main-d'oeuvre comme l'Éthiopie, de facto nouvelle usine de la Chine sur le continent. Selon le Rapport 2017 sur l'investissement dans le monde, ce pays se place désormais au second rang mondial des investissements étrangers dans le domaine du textile, juste derrière le Vietnam.
Une présence multiforme et inégalement répartie
Une implication avant tout économique...
Deux …
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