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L'Ukraine à l'heure du bilan

L'année 2019 s'annonce décisive pour l'Ukraine : le pays va connaître une élection présidentielle le 31 mars, puis des législatives le 27 octobre. Les résultats de ces scrutins diront si les Ukrainiens entendent poursuivre sur le chemin qui est actuellement le leur, celui de la construction d'un État souverain allié à l'ensemble européen, ou s'ils souhaitent s'arrêter en route.

Longtemps, l'Ukraine, indépendante depuis 1991, a été dénuée de projet clair. L'élite se dépêchait de s'enrichir sans guère se préoccuper de l'avenir. Ce pays de 45 millions d'habitants s'est retrouvé graduellement vassalisé par la Russie voisine, déterminée à obtenir un contrôle maximal sur son « étranger proche ». Moscou exerçait notamment de fortes pressions pour que l'Ukraine intègre l'Union douanière, une organisation régionale dominée par le Kremlin.

On en était là, durant l'hiver 2013-2014, quand une partie des habitants a dit « stop ! ». À l'issue de manifestations violemment réprimées sur le « Maïdan » (la place de l'Indépendance), à Kiev, ils ont renversé le président pro-russe Viktor Ianoukovitch et affirmé leur volonté d'échapper à la tutelle de Moscou, de se rapprocher de l'Europe, de vivre dans un pays où les libertés publiques seraient garanties et où la corruption serait sanctionnée.

Ces manifestants ont imposé un changement de régime et la mise en place d'un gouvernement réformateur, sous la conduite du libéral Arseni Iatseniouk. La réaction russe ne s'est pas fait attendre : le Kremlin a promptement annexé la péninsule de Crimée, au sud, avant d'encourager et de soutenir une rébellion dans l'est du pays, autour des villes de Donetsk et de Lougansk.

C'est dans ce contexte chahuté que Petro Porochenko a été élu à la tête de l'Ukraine le 25 mai 2014, dès le premier tour, avec 54,7 % des voix. Cet homme d'affaires fortuné qui avait dès le départ du mouvement du Maïdan affiché son soutien aux manifestants s'est imposé comme le plus à même de restaurer l'autorité de l'État tout en impulsant un certain nombre de changements. Son mandat a été marqué par la guerre qui s'est installée à l'est, par la confrontation avec la Russie voisine et par le lancement d'un vaste train de réformes, spectaculaires si ce n'est toujours efficaces, visant à rapprocher cette ancienne république soviétique du modèle européen.

Au moment où son mandat de cinq ans s'achève vient pour lui le moment de rendre des comptes. Le président sortant sera très probablement candidat à sa propre succession. Mais à quelques mois du scrutin, il demeure difficile d'évaluer ses chances de l'emporter.

Le bilan de Petro Porochenko

Cap à l'Ouest

Vu depuis les capitales européennes, le bilan de M. Porochenko apparaît plutôt bon. Il a réussi à stabiliser l'économie, ce qui est déjà un beau résultat. Quand il a pris les rênes du pays, l'Ukraine n'avait plus, dans ses réserves en devises, que de quoi couvrir ses importations durant deux mois. La monnaie chutait. L'industrie tournait au ralenti. L'État était au bord de la cessation de paiements.

Dans cette phase délicate, le pays a …