Les élections de mi-mandat, les midterms, qui se sont tenues le 6 novembre dernier, ont vu le basculement de la Chambre des représentants vers une large majorité démocrate d'une quarantaine de sièges, que les sondeurs et autres spécialistes électoraux avaient anticipée. Le Sénat, comme prévu, reste aux mains des républicains, par une majorité de 3 sièges (47 pour les démocrates, 53 pour les républicains qui voient donc leur poids se renforcer). Traditionnellement à haut risque pour le président en place, qui perd souvent au moins l'une des deux assemblées, les midterms confirment que la partie de 2020 est incertaine.
Les démocrates se sont mobilisés pour dire « non » à un président dont ils estiment qu'il menace les droits des femmes, des minorités et des plus démunis, ainsi que l'image du pays à l'étranger et la liberté de la presse. Et ils sont inquiets pour la politique de santé et la démocratie. De son côté, l'électorat trumpien était galvanisé par les bons chiffres de l'économie, la nomination de Brett Kavanaugh (1) à la Cour suprême, les discours identitaires et nationalistes du président sur les migrants - avec notamment ses propos sur la « caravane » de Honduriens (2) -, ainsi que par une méfiance durable vis-à-vis des médias et par le rejet de la gauche sociale et culturelle.
L'Amérique de Trump, c'est donc une nation plus clivée encore qu'à la fin des années Obama. Les élections du 6 novembre, bien qu'il s'agisse d'élire des parlementaires, des gouverneurs, des assemblées et des responsables locaux, ont été dans une large mesure un référendum pour ou contre Trump : la forte participation, proche des 50 %, le montre (c'est un record historique ; elle n'était que d'un peu plus de 36 % en 2014 et à peine 37 % en 2010) et le président lui-même a multiplié les meetings jusqu'au dernier jour, s'engageant dans cette campagne à un niveau inédit dans l'histoire récente du pays.
Certes, le bilan économique, fiscal et social de Trump est favorable au big business et décevant pour les classes populaires auxquelles il s'était pourtant adressé pendant sa campagne en 2016. Sa vision de l'intérêt général est très critiquée et sa politique internationale tend à déstabiliser les partenaires des États-Unis, comme l'illustre sa récente décision de retirer, sans concertation et contre l'avis de son administration, les troupes militaires de Syrie. Cela dit, il n'en continue pas moins d'être soutenu par plus de 80 % des sympathisants républicains avec, il est vrai, une popularité globale assez faible - 40 % - mais suffisante pour décrocher un second mandat.
La deuxième phase du trumpisme
Les midterms ont inauguré la seconde phase du trumpisme. Les deux années à venir devraient inscrire à l'agenda d'un président « toujours déjà » en campagne des sujets de politique intérieure comme les réformes de l'immigration, de la protection sociale et des infrastructures. Le vide juridique dans lequel se trouvent aujourd'hui les quelque 11 millions de clandestins et 800 000 « dreamers » - ces jeunes arrivés …
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