À court terme, il ne fait pas de doute que les conséquences du Brexit seront économiquement et diplomatiquement dommageables pour le Royaume-Uni. Mais, contrairement aux visions catastrophistes selon lesquelles il n'y aurait point de salut hors de l'Union européenne, il existe au contraire un autre choix : celui d'un pays qui décide de reprendre en main les rênes de son destin et de continuer sa course étincelante vers le grand large.
Au-delà des discours alarmistes qui promettent au Royaume-Uni un sort funeste, pourquoi, en effet, ne pas donner sa chance au Brexit ? Ne serait-ce qu'au nom du respect de la volonté populaire exprimée dans ce berceau de la démocratie parlementaire lors du référendum du 23 juin 2016.
Au fil des mois, alors que les divisions partisanes et les tensions entre Londres et ses vingt-sept partenaires s'aggravaient, il est apparu de plus en plus clairement que les détracteurs d'un Royaume-Uni livré à lui-même faisaient fausse route. Il est vrai que le couple Royaume-Uni/Union européenne n'avait jamais été qu'un mariage de convenance qui a fini par craquer de toutes parts. À ce stade, un rappel historique s'impose...
Royaume-Uni/Europe : un long malentendu
Après bien des péripéties (double veto du général de Gaulle (1), rébellion parlementaire contre le lâchage du Commonwealth (2)), le Royaume-Uni rejoint finalement la Communauté économique européenne le 1er janvier 1973. Dans son discours du Trône prononcé le 31 octobre 1972, Elizabeth II déclare sans ambages : « Mon gouvernement va jouer pleinement un rôle constructif au sein de la Communauté économique européenne. »
Mais, lorsque Big Ben sonne le douzième coup de minuit, l'arrimage au continent succédant à quatre cents ans de parcours solitaire ne donne lieu à aucune célébration populaire. Ni feu d'artifice ni street parties. Le début d'une ère nouvelle se déroule dans l'indifférence générale. Un manque d'enthousiasme d'autant plus compréhensible que Londres n'a pas d'autre choix que de rallier la CEE : dans les années 1960, la nation, privée de ses colonies et de ses dominions désormais indépendants, plombée par les grèves et la crise des industries traditionnelles, est devenue l'« homme malade de l'Europe », comme on disait de l'Empire ottoman au XIXe siècle.
Les apparences sont toutefois trompeuses. Sous l'ode à l'Europe rampe déjà la discorde. Ainsi, lors du référendum de 1975 sur le maintien de l'adhésion, un tiers des électeurs votent « non » malgré l'appel au « oui » lancé par tous les partis, le patronat et les syndicats. Les années 1970 sont une période de crise politique, sociale et économique. Le PNB du pays vainqueur de la Seconde Guerre mondiale, grâce à une ténacité et à un courage qui forcent l'admiration, se retrouve à un niveau inférieur de moitié à celui de l'Allemagne. Suprême humiliation : la fière Albion doit mendier une aide d'urgence au Fonds monétaire international en 1978. L'hiver du mécontentement (1978-1979), la lassitude de l'opinion devant le peu d'efficacité du gouvernement travailliste et les conflits sociaux à répétition conduisent à l'élection du leader conservateur, Margaret Thatcher, en …
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