Pour la troisième fois depuis son adhésion à l'UE en 1995, la Finlande assurera pendant six mois la présidence tournante du Conseil européen (à partir de ce 1er juillet). Helsinki se mettra au service des Vingt-Sept pour un semestre particulièrement compliqué, puisqu'il devrait acter le départ du Royaume-Uni (ou éventuellement une autre issue), la prise de fonctions d'une nouvelle Commission européenne et le cadre financier de l'Union pour 2021-2027, le tout sur fond de montée des nationalismes dans de nombreux États membres, dont la Finlande.
Le pays nordique a passablement changé depuis 2006, année de sa précédente présidence tournante. Plus prudent sur la scène européenne, il a connu de sérieux déboires en matière économique. Outre la chute du « champion » national Nokia, qui a un temps symbolisé le succès du pays qui l'a vu naître, la crise financière de 2008 a laissé des traces qui n'ont pas encore été complètement effacées, même si la Finlande n'est plus la « malade de l'Europe » qu'on décrivait il y a encore quelques années.
Sur ces difficultés est venue se greffer la crise des réfugiés en 2015, qui explique en partie la percée d'un parti anti-immigration foncièrement eurosceptique, les Vrais Finlandais. Ceux-ci ont confirmé, lors des législatives du 14 avril 2019 et des européennes du 26 mai, leur ancrage durable dans le paysage politique. S'il contribue à fragmenter la scène politique nationale, ce phénomène n'a toutefois pas empêché la formation, en juin, d'une nouvelle coalition gouvernementale, la plus à gauche sur le papier depuis vingt-cinq ans. Dirigée par le social-démocrate Antti Rinne, elle a succédé au gouvernement de droite, impopulaire en raison des mesures d'austérité adoptées depuis 2015. Signe, parmi d'autres, que le pays se cherche depuis la crise financière. En tout cas, pour Helsinki, il était important d'entamer sa présidence du Conseil de l'UE avec un nouveau gouvernement en place. Mission accomplie de ce côté-là.
Le « bon élève » se dissipe
Il semble loin le temps où, à Bruxelles et ailleurs dans l'Union, on parlait de la Finlande comme du « bon élève de l'Europe ». L'expression est apparue après l'entrée de ce pays dans la Communauté européenne, le 1er janvier 1995. Des deux peuples nordiques qui disent « oui » à l'adhésion lors d'une consultation préalable organisée l'année précédente, le finlandais est le plus enthousiaste, à près de 57 % (1). À l'époque, la Finlande tente de sortir d'une grave crise économique provoquée en partie par l'effondrement de l'URSS, son principal marché à l'exportation.
Les bouleversements du début des années 1990
Après la défaite face à l'Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale, quelque 10 % du territoire finlandais est cédé aux Soviétiques et l'équivalent de 5 % du PIB national leur sont versés en guise de compensations financières au nom d'un « pacte d'amitié et de coopération ». Le pays ne pouvant pas bénéficier du plan Marshall d'aide américaine à la reconstruction de l'Europe occidentale, une partie des entreprises finlandaises s'organisent de manière à répondre aux attentes de …
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