Isabelle Lasserre - Tous les experts reconnaissent que Daech n'a pas disparu avec la fin du Califat. Mais où les djihadistes qui combattaient en Syrie sont-ils passés ?
Florence Parly - Depuis l'opération lancée en septembre dernier à l'est de l'Euphrate, qui a poussé Daech dans ses retranchements jusqu'à Baghouz, l'ultime étape de cette bataille, le califat territorial n'existe plus. L'offensive menée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) avec l'appui de la coalition a permis de débusquer les nombreux combattants qui s'y étaient repliés. Les FDS ont réalisé un difficile travail de filtrage et d'identification afin de faire le tri entre les civils et les combattants et combattantes - tâche d'autant plus ardue que les affrontements duraient encore. Une grande partie des djihadistes est aujourd'hui détenue dans des prisons ou des camps sous la garde des Forces démocratiques syriennes. Mais certains avaient anticipé leur défaite et s'étaient échappés avant l'arrivée des FDS et de la coalition. Une partie s'est réfugiée en Irak, où l'on estime que plusieurs milliers de combattants de Daech se sont regroupés dans les zones désertiques et montagneuses. Quant aux autres, nous n'avons aucune certitude sur leur localisation. Il est possible qu'ils soient repartis à l'ouest de la Syrie, dans la région d'Idlib, où se concentrent de nombreux terroristes appartenant à la mouvance de Daech.
I. L. - Y en a-t-il qui ont rejoint la Libye ou l'Afghanistan ?
F. P. - Il existe quelques îlots de Daech parmi les très nombreux groupuscules qui s'affrontent en Libye. La situation y a toujours été extrêmement morcelée, avec des milices se réclamant d'obédiences variées. Au Sahel, plusieurs groupes terroristes se réclament de Daech ou d'Al-Qaïda. Enfin, on ne peut pas passer sous silence les odieux attentats qui ont eu lieu au Sri Lanka pendant le week-end de Pâques et qui montrent qu'au-delà de la présence physique sur un territoire Daech a conservé un pouvoir de nuisance important, y compris très loin de ses bases, en mobilisant ou en inspirant des cellules dormantes installées ici et là depuis longtemps. Ce qui prouve - on ne le répétera jamais assez - que si le califat territorial est tombé, la capacité d'action de Daech sous une forme clandestine, elle, n'a pas disparu.
I. L. - Les djihadistes maghrébins, et particulièrement tunisiens, qui parlent français et dont on dit qu'ils se sont évaporés dans la nature, sont-ils un sujet d'inquiétude pour vous ?
F. P. - Ce sont des ressortissants étrangers dont le sort repose entre les mains de leurs pays d'origine. Certains ont commencé à tenter de revenir dans les États du Maghreb dont ils sont ressortissants. Bien sûr, le point commun de ces revenants, c'est la langue. Ils ont parfois pu passer du temps en France, y tisser des relations, comme ils ont pu nouer des contacts au Levant au sein de cette communauté linguistique. C'est, assurément, un risque pour nous, et nous le suivons de très près en lien avec nos partenaires.
I. L. - Mais où sont-ils ? Certains …
Ce site est en accès libre. Pour lire la suite, il vous suffit de vous inscrire.
J'ai déjà un compte
M'inscrire
Celui-ci sera votre espace privilégié où vous pourrez consulter à tout moment :
- Historiques de commandes
- Liens vers les revues, articles ou entretiens achetés
- Informations personnelles