Telle une meute affamée, les « chiens de guerre », plus hargneux que jamais, sont de retour sur l'un de leurs terrains de prédilection : l'Afrique. On les retrouve tout particulièrement au Sahel ou encore en Centrafrique, où le Quai d'Orsay vient de reconnaître la présence de mercenaires russes et accuse nommément le groupe paramilitaire Wagner - soupçonné d'être lié à la Russie de Vladimir Poutine - d'en être le pourvoyeur. L'ONU semble avoir pris la mesure du problème et s'en inquiète par la voix de son secrétaire général Antonio Guterres, le 4 février 2019, devant le Conseil de sécurité : « La présence de mercenaires et d'autres combattants étrangers aggrave les conflits et menace la stabilité du continent. »
Les rapports se succèdent et indiquent tous une augmentation significative de l'utilisation de mercenaires et d'autres combattants étrangers sur les principaux théâtres de conflit africains. Ils révèlent également une évolution complexe de la nature des activités mercenaires au cours des dernières années : aujourd'hui, bien plus qu'hier, elles exploiteraient et se nourriraient d'autres fléaux, tels que le crime organisé transnational, le terrorisme et l'extrémisme violent.
Sur le terrain, plusieurs filières rivales sont à l'oeuvre et à la manoeuvre, n'hésitant plus à s'affronter pour se positionner sur un marché estimé à plusieurs centaines de millions d'euros par an. Celles qui sortent tout particulièrement du lot sont russes ou ukrainiennes. Mais les autres, certes moins structurées mais tout aussi avides, n'entendent pas abdiquer.
Ce renouveau d'activités mercenaires en Afrique cache de gros intérêts et engendre de graves conséquences pour les pays et les populations qui doivent les subir. Surtout, il rend de plus en plus poreuse la frontière entre armées régulières et armées privées, ou entre États et organisations paramilitaires.
La Russie (re)prend pied en Afrique...
« L'Afrique figure encore à la toute fin des priorités de la Russie en termes de politique étrangère, mais elle commence à prendre de plus en plus d'importance », observe l'historien et membre de l'Académie russe des sciences Dmitri Bondarenko, qui ajoute : « Depuis 2014 et l'annexion de la Crimée, la Russie se confronte à l'Occident et affiche ouvertement sa volonté de redevenir une puissance mondiale. Elle ne peut, par conséquent, ignorer une région de la planète » (1). De fait, après des années de relative indifférence, la Russie opère un retour en force sur la scène africaine (2). D'ores et déjà, plusieurs pays subsahariens tirent avantage de cette nouvelle donne géopolitique, chacun selon ses besoins : livraisons d'armes au Cameroun dans sa guerre contre les djihadistes de Boko Haram ; accords militaires avec la République démocratique du Congo, le Burkina Faso, l'Ouganda ou encore l'Angola ; coopération dans le nucléaire civil au Soudan, dans l'industrie minière au Zimbabwe ou dans l'aluminium en Guinée. Cependant, c'est dans un tout petit État d'Afrique centrale que la présence russe prend une signification particulière : la République centrafricaine (RCA), qui n'a jamais été proche de l'URSS du temps de la guerre froide.
Plutôt discrètes jusque-là, les activités de …
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