Le pape François se remettra-t-il de l'« annus horribilis » qui vient de s'écouler ? En fait, la série noire a débuté en 2018 lorsque, par deux fois, sa responsabilité personnelle a été mise en cause dans le traitement d'affaires de pédophilie, cette crise majeure qui affecte son Église : tout d'abord lors de sa visite catastrophique au Chili, au mois de janvier 2018, puis six mois plus tard, en août, avec la parution d'une lettre ouverte écrite par l'ancien nonce aux États-Unis pour dénoncer la protection pontificale accordée à l'ancien archevêque de Washington, le cardinal McCarrick. L'auteur, qui affirmait avoir personnellement informé le pape des agissements de ce prélat envers de jeunes séminaristes, concluait son « J'accuse » en demandant la démission du pontife ! L'attaque était d'une rare gravité - qui plus est sous la plume d'un ancien nonce apostolique, c'est-à-dire le représentant spirituel et temporel de l'autorité du pape.
L'Église s'enlise depuis lors dans une crise d'une ampleur inédite. L'actualité du début de 2019 est là pour en attester. Les scandales de pédophilie continuent d'exploser dans un flux incessant, du Chili à la Pennsylvanie en passant par l'Allemagne, la France (avec la condamnation du cardinal Barbarin) ou encore l'Australie. Là-bas, le cardinal Pell, le numéro 3 du Vatican, a été reconnu coupable d'agressions sexuelles commises sur deux enfants dans les années 1990. Et cette annonce est intervenue en plein sommet sur la « protection des mineurs dans l'Église » qui réunissait l'ensemble des présidents des conférences épiscopales du monde, en février dernier.
Avec la parution de Sodoma, enquête au coeur du Vatican (1), ces dossiers brûlants se doublent de révélations sur lespratiques homosexuelles qui ont cours dans les plus hautes sphères du pouvoir ecclésial.
L'Église de Rome et son leader en ressortent mondialement discrédités. Crimes pédophiles et « lobby gay » : tristes tropiques pour cette Église que le pape « du bout du monde » s'était donné pour objectif de laver de ses péchés !
« Le pape Jean-Paul II avait un problème d'Ostpolitik, tandis que François a un problème de Westpolitik ! », analyse l'historien et théologien italien Massimo Faggioli. Les événements lui donnent raison. C'est en effet essentiellement depuis les États-Unis et l'Europe qu'ont commencé à être instrumentalisées, à des fins politiques, les attaques en règle visant son pontificat. Celles-ci, au fil des années, n'ont cessé de se renforcer. Elles ont coalisé, à partir des milieux catholiques les plus conservateurs, un large front anti-François. Et ces courants, qui affirment même aujourd'hui que Benoît XVI demeurerait le seul légitime successeur de Saint-Pierre, n'hésitent pas à s'emparer des dossiers noirs de la pédophilie pour affaiblir François jusqu'au point ultime, en espérant ainsi le pousser à la démission...
Mais qu'a donc fait ce pape pour s'attirer des foudres aussi féroces, lui dont le règne avait pourtant commencé sous les meilleurs cieux ? Par quels mécanismes l'opposition s'est-elle enracinée dans le terreau du catholicisme américain pour s'élargir ensuite aux mouvements populistes et souverainistes européens ? Et quelles conséquences …
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