Wagner : ce nom revient fréquemment dans l'actualité récente pour désigner non pas le compositeur de L'Or du Rhin, mais une organisation paramilitaire russe, détenue par un oligarque proche du président Vladimir Poutine. Depuis cinq ans, on suit « Wagner » à la trace presque partout sur la planète. En janvier dernier, selon l'agence de presse Reuters, environ 400 « employés » du groupe « Wagner » seraient arrivés à Caracas, au Venezuela, avec pour mission de protéger le président Nicolás Maduro, qui avait reçu le soutien personnel du chef du Kremlin face à l'opposant Juan Guaido, autoproclamé « président par intérim » et reconnu par Washington et les Européens. Une implication démentie par le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Les états de service des hommes du groupe « Wagner » constituent une liste déjà longue. En 2014, ils participent à l'annexion de la Crimée puis à la déstabilisation du Donbass dans l'est de l'Ukraine. L'année suivante, ils débarquent en Syrie pour appuyer les forces du régime. En décembre 2017, ils investissent un territoire situé hors de la zone d'influence traditionnelle de la Russie : la Centrafrique, où 170 « instructeurs » séjourneraient désormais. On retrouve également les supplétifs de « Wagner » en Libye, au sein de la garde rapprochée du maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays qui s'est lancé en avril avec ses troupes à la conquête de Tripoli (mais affronte aux portes de la ville une farouche résistance des forces du gouvernement d'union nationale, reconnu par la communauté internationale). Enfin, ils sont présents au Soudan où ils aident les autorités à mater un mouvement de contestation qui n'a cessé de prendre de l'ampleur ces derniers mois jusqu'à ce qu'un putsch, le 11 avril, n'écarte du pouvoir le président Omar Al-Bachir. La prise de contrôle par l'armée ne semble pas avoir remis en cause leur position.
Les péripéties, réelles ou présumées, du groupe « Wagner » en Afrique, au Proche-Orient et en Amérique latine illustrent l'activisme croissant constaté depuis l'effondrement de l'URSS - et sur divers fronts de guerre - d'unités militaires non régaliennes, c'est-à-dire distinctes des armées étatiques. Mercenaires, sociétés privées opérants à des fins lucratives ou avec des visées politiques... toute une nébuleuse d'individus et de groupes, plus ou moins étroitement liés au pouvoir russe, préférant l'ombre à la lumière, sont engagés dans des activités de « sécurité ». Ils prennent en charge une large palette de missions - du simple gardiennage d'installations industrielles ou pétrolières aux coups de main armés - qui, délibérément ou non, contribuent au regain d'influence de la Russie sur des théâtres extérieurs.
Les SMP classiques...
La participation de combattants non gouvernementaux à des conflits armés n'est pas chose nouvelle en Russie. Dès le début des années 1990, au moment de la désagrégation de l'URSS, Moscou a recours à des groupes de mercenaires dans les conflits l'opposant à certaines anciennes républiques ou anciens territoires soviétiques. Ce fut le cas en 1992 en Transnistrie, enclave russe située entre …
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