Il y a vingt ans, alors que l'Alliance atlantique s'apprêtait à célébrer son cinquantième anniversaire, l'auteur de ces lignes publiait un article intitulé « L'OTAN existera-t-elle encore en 2009 ? » (1). Il y faisait valoir que la perte du sens de la mission de l'organisation après la disparition de la menace soviétique, les désaccords sur les opérations de maintien de la paix, ainsi que le désintérêt croissant des États-Unis pour l'Europe, soulevaient la question de la capacité de l'Alliance à survivre dix ans après cette date.
Aujourd'hui, l'OTAN a repris de la vigueur et ses missions au titre de l'article 5 du traité de Washington (qui contraint ses membres à porter secours à ceux d'entre eux qui seraient attaqués) occupent à nouveau le devant de la scène. Mais des interrogations se font jour quant à la solidité politique de l'Alliance. Les relations transatlantiques connaissent, en effet, de graves tensions que l'agressivité de la Russie ne risque pas d'atténuer. L'OTAN en tant qu'organisation militaire s'est remarquablement adaptée et a même subi une sorte de cure de jouvence, mais l'Alliance atlantique, au sens de la relation politique transatlantique, reste en difficulté - notamment sous les coups de boutoir de M. Trump.
Aussi est-il légitime de penser ce qui fut longtemps impensable et de réfléchir au scénario de la fin de l'OTAN. Le sommet de Londres, en décembre 2019, pourrait-il être le dernier ?
L'hypothèse de la fin de l'OTAN
Certains aspects de l'évolution actuelle de l'OTAN sont rassurants. De récentes décisions communes ont amélioré l'état de préparation des forces - et donc la dissuasion d'une agression - grâce à une présence accrue à l'Est (Pologne, pays baltes) et à des exercices à grande échelle. Certes, la capacité de l'OTAN à acheminer rapidement des renforts à travers le continent reste problématique, mais une initiative adoptée en 2018 contribuera à renforcer sa posture militaire de défense de l'Europe : il s'agit d'être capable de déployer trente bataillons terrestres, trente navires de combat et trente escadrons de combat en trente jours - alors que le dispositif de l'OTAN est aujourd'hui, pour l'essentiel, un simple « fil déclencheur » (trip-wire) à la frontière russe. Autre innovation de nature à renforcer sa crédibilité : l'Organisation a clairement fait savoir en 2014 que certaines cyberattaques pouvaient être qualifiées d'« attaques armées », ce qui permettait de déclencher l'article 5 si nécessaire.
De même, les interrogations relatives à la pérennité de l'engagement des États-Unis ne doivent pas masquer une réalité plus encourageante : la présence militaire américaine en Europe s'est accentuée depuis l'invasion de la Crimée ; et le marché européen constitue toujours un débouché très important pour l'industrie de défense d'outre-Atlantique, les alliés continuant à « acheter américain » pour des raisons autant politiques que militaires. Quant au soutien du Congrès des États-Unis et de l'opinion publique américaine envers l'OTAN, il ne faiblit pas, bien au contraire. La proportion d'Américains favorables à un maintien, voire à un accroissement de l'engagement de leur pays envers l'Alliance a, en …
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