Isabelle Lasserre - Les relations de l'Arabie saoudite avec les États-Unis sont-elles meilleures sous Donald Trump qu'elles ne l'étaient du temps de Barack Obama ? Avez-vous le sentiment que Washington vous aide suffisamment face à la menace iranienne ?
Adel Al-Joubeir - Ce que je peux vous dire, c'est que nous entretenons les meilleurs rapports avec l'administration Trump ! Nous considérons que le bilan de cette administration est excellent : le chômage a atteint un niveau historiquement bas ; l'économie américaine s'est redressée ; et le rôle des États-Unis dans le monde a été restauré. M. Trump souhaite faire reculer l'Iran au Moyen-Orient et livre une guerre sans merci à Daech et au terrorisme. Bien entendu, nous nous en félicitons et, comme l'actualité récente le prouve une nouvelle fois, nous travaillons étroitement avec lui pour relever, ensemble, les différents défis qui se posent à la région.
I. L. - Sa volonté de se retirer du Moyen-Orient ne vous inquiète-t-elle pas ?
A. A.-J. - Je pense que son ambition est surtout de réduire la présence américaine dans les zones de conflit que sont la Syrie, l'Irak et l'Afghanistan. C'est ce que souhaitent tous les présidents qui s'installent à la Maison-Blanche. Mais ce que j'observe, c'est que, dans le Golfe, cette présence a pour l'instant tendance à se développer du fait de la montée des tensions avec l'Iran qui ne fait que s'accélérer. L'engagement diplomatique de Washington dans la région, qui vise à obtenir la paix en Afghanistan, au Soudan et dans la Corne de l'Afrique, a également augmenté.
I. L. - Quelle est la principale menace pour l'Arabie saoudite aujourd'hui ?
A. A.-J. - Sans aucun doute l'instabilité que le comportement de l'Iran provoque dans l'ensemble du Moyen-Orient. C'est bien simple : chaque fois qu'il y a un problème dans la région, l'Iran y est mêlé ! On le constate au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen...
I. L. - Comment faire pour contenir l'Iran ? Faut-il miser sur une rébellion interne ou accentuer la pression extérieure ? Comment l'empêcher de mener des attaques contre votre pays ?
A. A.-J. - Ce qu'il faut, c'est faire comprendre de manière claire à l'Iran que la politique d'agression qu'il conduit depuis la révolution khomeyniste de 1979 (1) doit cesser, que le monde ne la tolère plus. On ne peut pas assassiner des diplomates, attaquer des ambassades, semer des cellules terroristes dans d'autres pays, détruire des synagogues en Argentine... On ne peut pas fournir des missiles balistiques à des organisations terroristes comme le Hezbollah ou offrir un abri à des groupes terroristes comme Al-Qaïda - je rappelle, à cet égard, que quand l'opération militaire américaine en Afghanistan a commencé, certains responsables d'Al-Qaïda ont fui en Iran et y résident encore à ce jour. Ce n'est pas acceptable ! De même, on ne peut pas utiliser son attaché militaire à Bahreïn pour comploter contre l'Arabie saoudite comme l'Iran l'a fait en 1996 avec l'attaque terroriste qui a frappé les tours de …
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