Les Grands de ce monde s'expriment dans

Trump face à son bilan

Il aime bafouer les usages, se moquer des institutions et se montrer imprévisible. Il manie le mensonge et l'insulte comme des armes, multiplie les volte-face pour déstabiliser alliés et adversaires, et propage avec malice de folles théories du complot... Au début de son mandat, les optimistes pensaient qu'une fois président il retrouverait la sagesse, se hisserait à la hauteur de la fonction et s'imposerait en leader républicain crédible ; d'autres prétendaient que ses coups de sang, ses annonces brutales et ses reculades sans justification relevaient d'une stratégie politique habile et portaient une grande vision pour le pays. Force est de le constater aujourd'hui : Donald Trump n'a pas changé. Il est resté Donald Trump. Un homme versatile et brutal, narcissique et souvent infantile, incontestablement cynique. Et sa personnalité instable n'a fait que produire de l'instabilité dans son pays et dans le monde. Donald Trump mine les valeurs de vérité, de dignité et de respect indispensables à la vie des démocraties. Il ébranle les alliances internationales et l'ordre mondial dont les États-Unis étaient les garants depuis 1945. Il secoue le commerce et les systèmes de production de la planète à coups de tweets rageurs et d'annonces contradictoires. À l'étranger, on le regarde avec effarement, on le considère comme un bouffon ou comme un enfant colérique qu'il faut apaiser par la flatterie.

Qu'en est-il alors qu'il approche du terme de son premier mandat ? Peut-il être réélu ? Aujourd'hui, sa cote de popularité reste solide, mais plafonne autour de 42 % (depuis 1952, aucun président n'a été réélu avec une popularité inférieure à 48 %). Peut-il aller au-delà ? Quels éléments de son bilan peuvent-ils convaincre ? Quels projets peut-il proposer pour faire la différence ? Sur quels conseillers, quelles stratégies, quels ressorts va-t-il s'appuyer ? À quels électeurs s'adresse-t-il ? Qui est prêt à lui faire à nouveau confiance ? Jusqu'où peut aller la procédure d'impeachment engagée par la Chambre des représentants, sous la direction de la Démocrate Nancy Pelosi ? Disons-le d'emblée avant d'analyser ces questions plus avant : en voyant se dessiner la campagne présidentielle à venir, on est bien obligé d'admettre que Donald Trump, président atypique, inclassable et inquiétant, mais que l'on aurait tort de considérer comme un accident de l'Histoire, conserve de vraies chances d'être réélu.

Des guerres commerciales hasardeuses

La stratégie habituelle d'un président en lice pour un second mandat est d'adopter la posture rassurante de la continuité. Au pouvoir depuis bientôt quatre ans, Donald Trump ne peut plus incarner l'insurrection ou le changement. Les casquettes qui fleurissent maintenant dans ses meetings donnent le ton : on est passé de « Make America Great Again » à « Keep America Great ». En somme, on continue ! Il ne lui est plus si aisé de vomir « Washington » comme il l'a tant fait, puisque désormais, Washington, c'est lui. Il avait promis d'« assécher le marécage » (l'establishment), mais on n'a jamais vu autant d'officiels compromis dans des affaires de corruption ou de conflits d'intérêts.

Donald …