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ÉTATS-UNIS : DES NÉO-SOCIALISTES CONTRE TRUMP


Il y a eu un avant et un après Bernie. Avant Bernie Sanders, le mot « socialiste » avait aux États-Unis une connotation exotique, voire sulfureuse. Et puis, en 2016, le sénateur du Vermont est devenu la sensation de l'élection présidentielle. Les jeunes électeurs se sont rués sous sa bannière de « Democratic Socialist », une formule qui lui permet de se présenter sous l'étiquette du Parti démocrate.
Bernie Sanders a ouvert les vannes de ce qu'un article du Hoover Institute a appelé le « socialisme chic », un mouvement tendance qui s'est traduit par l'entrée au Congrès des États-Unis et dans les législatures locales de cinquante élus qui se revendiquent « socialistes ». Mais, plus frappant encore, ce courant a créé un appel d'air qui a entraîné plus ou moins loin - et parfois même très loin - vers la gauche tous les candidats démocrates à l'élection présidentielle de 2020.
Comment, dans l'une des périodes les plus prospères de l'histoire américaine, une nouvelle génération peut-elle se reconnaître dans un gourou de 78 ans qui ressemble au vieil oncle que l'on invite à Thanksgiving pour se donner bonne conscience ? Y a-t-il un vrai mouvement de fond derrière l'effervescence des réseaux sociaux ? Les États-Unis sont-ils en train de s'écarter de ce qui a fait leur image de marque : la libre entreprise, l'économie de marché, la performance individuelle poussée par un indomptable optimisme ? Et cela, pour quelle dose de « socialisme », une notion qui leur est si peu familière qu'ils ont bien du mal à la définir ?
Les enfants de Bernie
Aucun socialiste n'a jamais siégé au Sénat américain. Bernie Sanders aurait pu être le premier mais, depuis son élection en 1981, il se range prudemment sous l'étiquette « indépendant ». Ses collègues le voyaient plutôt comme un original, en parfaite adéquation avec l'État qu'il représente, le Vermont, une vaste forêt située à la frontière canadienne dont les habitants, moins nombreux que les sapins, baignent dans une atmosphère de retour à la nature. L'indépendance du sénateur Sanders n'a jamais fait illusion : il a toujours voté pour ce qu'il y avait de plus à gauche. Lorsqu'il s'est marié, tardivement, en 1988, il a emmené sa femme en voyage de noces en URSS. Il était alors maire de la principale ville de son État, Burlington, qu'il venait de jumeler avec la cité soviétique de Yaroslavl où, selon des journalistes qui étaient du voyage, il s'est émerveillé de tout ce que l'on a bien voulu lui montrer. Lors des débats pour les primaires démocrates de 2016, ses concurrents n'ont pas manqué de ressortir cet épisode. En fait, Bernie Sanders a fait son coming out socialiste pour se démarquer d'Hillary Clinton, avec le succès que l'on sait, mais il n'a jamais été membre du DSA (Democratic Socialists of America), le parti socialiste américain, qui compte à ce jour environ 60 000 adhérents.
En revanche, le mouvement socialiste n'est pas inconnu à la Chambre des représentants où il a compté …