Homme politique, diplomate, expert en géopolitique et journaliste, Alexeï Pouchkov est l'une des personnalités les plus influentes de Russie et l'un des principaux architectes de la politique internationale du Kremlin depuis près de trente ans.
Né en 1954 à Pékin, dans une famille de diplomates et sinologues soviétiques, Alexeï Pouchkov reçoit, à son tour, une formation de diplomate et d'expert en affaires étrangères. Diplômé en 1976 du prestigieux MGIMO (Institut d'État des relations internationales) de Moscou, il y obtient un doctorat en histoire en 1979 et commence sa carrière à la représentation soviétique à l'ONU, à Genève. De 1988 à 1991, pendant la perestroïka, il est l'une des « plumes » de Mikhaïl Gorbatchev. Après la chute de l'URSS en 1991, il devient rédacteur en chef adjoint, responsable de la rubrique internationale, de l'hebdomadaire multilingue Les Nouvelles de Moscou (Moskovskie Novosti) : jusqu'en 1995, ce polyglotte en coordonne aussi les éditions anglaise, allemande, française et espagnole. Il s'impose progressivement comme l'une des voix russes les plus écoutées à l'étranger : expert international au Forum économique de Davos depuis 1993, membre du comité de rédaction des revues américaines Foreign Policy (de 1993 à 2000) et The National Interest (depuis 2002), membre de l'International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres depuis 2005...
En 1998, il lance sur la troisième chaîne nationale de télévision, TV-Centre, une émission politique hebdomadaire, « Post-scriptum », essentiellement consacrée à la politique internationale, qu'il présente lui-même. Un travail qu'il conjugue avec des activités parlementaires depuis 2011, année où il est élu député (affilié à « Russie unie », le parti du pouvoir) à la Douma, la Chambre basse du Parlement. Il y prend immédiatement la présidence de la Commission des Affaires étrangères, un poste qu'il occupera pendant toute la législature, jusqu'en 2016 (durant cette période, il sera également le chef de la délégation russe à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe). En 2016, il se fait élire sénateur du district de Perm et intègre le Conseil de la Fédération (la Chambre haute), où on lui confie la tête de la Commission chargée de la politique d'information et des relations avec les médias.
Professeur honoraire dans plusieurs universités, auteur de nombreux articles et ouvrages, il vient de publier en France son dernier livre, Le Jeu russe sur l'échiquier global (ODM Éditions), préfacé par Jean-Pierre Chevènement.
N. R.
Natalia Rutkevich - En intitulant votre dernier livre Le Jeu russe sur l'échiquier global, avez-vous voulu répondre au célèbre Grand Échiquier que Zbigniew Brzezinski avait publié en 1997 et qui reléguait la Russie au rang de puissance vaincue et négligeable ?
Alexeï Pouchkov - Ce n'est pas à proprement parler une réponse à Brzezinski. Je voulais seulement reprendre à mon compte l'image de l'échiquier global qu'il a introduite dans les analyses géopolitiques, car je trouve ce parallèle entre les échecs et la géopolitique très évocateur. Dans le jeu d'échecs, où il n'y a que 32 pièces, il existe des millions de combinaisons possibles. Il en va de même pour la géopolitique …
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