Le 17 juin 2015 à 11 heures du matin, Donald Trump descend l’escalator qui mène au rez-de-chaussée de la tour qui porte son nom à Manhattan. Suivi de Mélanie, tout de blanc vêtue, comme elle le sera dix-huit mois plus tard la nuit de l’élection de son époux, il va annoncer ce qui à l’époque apparaît comme l’un de ses nombreux coups publicitaires : sa candidature officielle à la présidence des États-Unis. Donald Trump est alors connu comme un aventurier immobilier, un bateleur que rien ne réjouit davantage que de voir son nom faire les gros titres de la presse. C’est dire que l’on ne prête pas toute l’attention requise au discours de cinquante minutes qu’il va prononcer pour présenter son programme. Pourtant, toute sa future présidence y est résumée, une présidence axée sur l’économie, les emplois, la baisse des impôts, la défense des intérêts américains — fût-ce au prix d’une guerre commerciale avec la Chine —, la lutte contre l’immigration clandestine et la mise au pas du reste du monde. On y trouve également le ton abrasif et l’absence de filtre qui deviendront son image de marque lorsque, contre toute attente, 63 millions d’Américains en feront le 45e président des États-Unis. Et, contre toute attente également, il va appliquer, ou tenter d’appliquer, point par point, le contenu de son discours pour le meilleur et pour le pire.
Je serai le président des emplois
C’est la phrase clé, dont la version originale est « I will be the greatest job president », je serai le plus grand président pour les emplois. Donald Trump ne peut rien dire qui le concerne sans employer le superlatif mais, dans ce domaine, les faits vont lui donner raison pendant la plus grande partie de sa présidence. Plus exactement jusqu’au moment où le Covid se mettra spectaculairement en travers de sa route.
En mars 2020, le chômage était tombé à 3,5 %, le pourcentage le plus bas depuis un demi-siècle. Donald Trump promettant des emplois, ce n’est pas Franklin Roosevelt remettant l’Amérique au travail pendant la Grande Dépression. La situation n’est pas catastrophique, elle est simplement frustrante. Le chômage est passé de 10 à 5 % sous le double mandat de son prédécesseur, mais ce bon résultat masque des zones d’ombre, en particulier dans les régions traditionnelles de l’industrie américaine. « Nos emplois sont partis au Mexique et en Chine », tonne Donald Trump. Le bouc émissaire favori est l’ALENA, le traité de libre-échange avec le Canada et le Mexique signé en 1994 qui, selon lui, aurait coûté des millions de postes de travail aux États-Unis. Les chiffres sont sujets à interprétation, le traité ayant été bénéfique dans certains secteurs, néfaste dans d’autres ; mais ce qui est certain, c’est qu’il était de plus en plus impopulaire, y compris chez les Démocrates qui y étaient en grande partie hostiles lorsqu’il avait été signé à l’arraché par Bill Clinton. Le candidat Trump promet de renégocier l’ALENA et il le fait : en janvier 2020 est signé le US-Mexico-Canada Agreement, qui est plus un ajustement qu’un bouleversement. Il affecte surtout les relations avec le Mexique et …
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