Sa carrière a été fulgurante. Avec un parcours jusqu’à présent sans faute, on le surnomme « l’enfant prodige de la politique ». À 34 ans, Sebastian Kurz est le plus jeune chef d’État de la planète. Né à Vienne le 27 août 1987, ce fils d’un ingénieur et d’une enseignante adhère au Parti populaire autrichien (ÖVP) à l’âge de 17 ans et décide d’interrompre ses études de droit pour ne plus se consacrer qu’à sa passion, la politique.
Cette passion, conjuguée à un talent certain, une bonne dose de pragmatisme, un zeste d’opportunisme et un caractère avenant, lui a permis de gravir tous les échelons de la vie politique autrichienne pratiquement sans heurt et de jouir aujourd’hui auprès de ses compatriotes d’une popularité incontestée.
En 2009, il prend la présidence du Mouvement des jeunes du Parti populaire autrichien (ÖVP). Son slogan, « le noir, ça déchire », en référence à la couleur du parti, est une manière de se démarquer des caciques les plus conservateurs.
À 24 ans, ce « chouchou » de la presse tabloïd et des nouveaux médias est nommé secrétaire d’État à l’Intégration des immigrés au sein du ministère des Affaires étrangères. Puis le benjamin du gouvernement hérite du portefeuille des Affaires étrangères à 27 ans, devenant ainsi le plus jeune chef de la diplomatie de toute l’Union européenne. Dans le contexte de la crise migratoire, il s’affirme comme le tenant d’une ligne dure et appelle à la fermeture des frontières autrichiennes, coupant ainsi la route des Balkans.
Il prône également la fin des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
À 30 ans, en 2017, Sebastian Kurz est le chef du Parti populaire autrichien et, contrairement au président Macron qui va fonder la République en marche aux dépens des partis traditionnels, il s’emploie, lui, à remodeler le vieux parti conservateur en le modernisant : il s’entoure de jeunes militants, hommes et femmes, issus de tous les milieux sociaux, y compris de l’immigration. L’ÖVP s’impose comme le premier parti autrichien et une machine à gagner pour le candidat Kurz.
Au terme d’une campagne sans concession sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et de l’islam, il est nommé chancelier fédéral d’Autriche à 31 ans et forme une coalition gouvernementale entre l’ÖVP et le parti d’extrême droite FPÖ qui le talonne dans les urnes.
La démission en 2019 du vice-chancelier Heinz-Christian Strache (FPÖ) sur fond de tentative de corruption provoque de nouvelles élections en septembre 2019 : l’ÖVP arrive en tête. Kurz négocie alors avec les Verts (Die Grünen) leur entrée au gouvernement et met en place une nouvelle coalition.
Habile, capable de manier le compromis sans renoncer à ses convictions profondes, Sebastian Kurz a acquis une légitimité incontestable tant en Autriche que sur la scène européenne et internationale. Il partage avec le président Macron une vision ambitieuse de l’avenir ainsi que la volonté de « faire mais sans se laisser faire ».
A. de B.
Anne de Boismilon — Monsieur le Chancelier, lorsqu’on parle de vous on évoque toujours votre âge. À 34 ans vous êtes l’un des plus jeunes dirigeants de la planète. …
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