Le 1er juillet, Pékin célébrera le 100e anniversaire du Parti communiste chinois (PCC). L’occasion pour les autorités, s’il en fallait une, de vanter les succès du système de gouvernance chinois tout en cherchant à discréditer les démocraties occidentales. Avec une croissance de 2,3 % en 2020 alors que l’économie de la zone euro se contractait de 6,6 % ; une crise sanitaire sous contrôle qui a fait officiellement moins de 5 000 morts contre plus de 700 000 au sein de l’UE ; et une diplomatie débridée, voire agressive (l’ambassade de Chine en France s’est permis de qualifier des propos du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français sur le Xinjiang d’« âneries fallacieuses et abominables » (1) ou encore de « mots tellement méphitiques » (2)), la Chine apparaît désormais comme une puissance hégémonique.
De fait, 55 % des Allemands et 48 % des Français sont persuadés qu’elle est devenue la première économie planétaire, contre seulement 17 % et 34 % qui désignent les États-Unis (3). Beaucoup s’imaginent aussi qu’elle contrôle les organisations internationales, qu’elle domine des pans entiers de la recherche mondiale, ou encore qu’elle a été le seul pays à soutenir les pays en développement durant la crise sanitaire. Ce mélange de défaitisme, d’inquiétudes et de sentiment d’impuissance prévaut chez de nombreux Européens pour qui l’Europe ne pourrait déjà plus faire face à la Chine en raison, notamment, de sa dépendance économique. Il est vrai que les Européens ont longtemps sous-estimé les conséquences de l’émergence de la Chine et les leviers dont ils disposaient collectivement pour s’y adapter, faisant preuve d’une naïveté que certains estiment révolue (4).
L’enjeu n’est évidemment pas de mettre un terme à nos échanges commerciaux avec la Chine, dont tant de Chinois et d’Européens ont bénéficié ces dernières décennies, ni d’entraver une coopération bilatérale indispensable dans d’innombrables domaines. Il convient simplement de défendre au mieux nos intérêts et, pour cela, d’assumer un « rapport de force » souvent évoqué vis-à-vis d’autres pays mais qui semble être évité à tout prix lorsqu’il concerne la Chine. Or ce rapport de force est beaucoup moins défavorable qu’il n’y paraît. Il faut, en effet, relativiser notre dépendance économique et commerciale et prendre conscience de nos atouts, à commencer par notre capacité de résilience et notre avancée technologique.
Relativiser notre dépendance économique
Un présupposé récurrent en France, mais aussi plus largement en Europe, est que notre dépendance économique envers la Chine serait telle que nous ne serions déjà plus en mesure de critiquer, voire dans certains cas de nous opposer à certaines décisions ou politiques chinoises. Il est évident que les problèmes structurels de la relation bilatérale demeurent, et cela malgré l’objectif affiché de l’Élysée de faire valoir « les principes d’accès au marché, de concurrence loyale, de réciprocité et de réduction des tensions commerciales » (5). Les engagements pris jusqu’à présent par Pékin restent non contraignants et non chiffrés, à l’instar du Plan d’action pour les relations franco-chinoises de 2019 qui mentionne seulement que les deux pays « souhaitent rééquilibrer par le haut leurs échanges économiques bilatéraux ». Dans ce cadre, force est de constater que notre déficit bilatéral avec Pékin continue de se creuser, avec un …
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