Bientôt, on parlera d’elle en disant « l’ex-chancelière ». Après seize années à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel va quitter le pouvoir au lendemain des élections législatives du 26 septembre. C’est elle-même qui l’a décidé, en déclarant dès le début de son quatrième mandat, en 2018, que celui-ci serait le dernier. Pour la première fois depuis la fondation de la République fédérale, en 1949, un chancelier sortant — en l’occurrence une chancelière — n’est pas candidat à sa succession.
Après ce règne exceptionnel par sa longueur et par les crises majeures — financière (2008-2009), migratoire (2015-2016) et sanitaire (2020-2021) — qui l’ont jalonné, ce départ marquera une césure dans l’histoire du pays. Reste à savoir quelle sera l’ampleur de celle-ci, autrement dit si les Allemands choisiront la continuité en élisant le conservateur rhénan Armin Laschet, successeur d’Angela Merkel à la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) ; s’ils opteront pour un changement de politique et de génération en portant au pouvoir la jeune candidate des Verts, Annalena Baerbock, âgée de 40 ans ; ou s’ils se situeront dans un entre-deux, incarné par le chef de file du Parti social-démocrate (SPD), Olaf Scholz, qui rêve de troquer son costume de vice-chancelier pour celui de chancelier tout court. Tel est l’enjeu du scrutin du 26 septembre, dont l’issue apparaît plus ouverte que jamais, et ce principalement pour deux raisons.
La première tient à l’affaiblissement des deux « partis populaires » (Volksparteien) qui dominent la vie politique allemande depuis soixante-dix ans. Gagnés par l’usure du pouvoir autant que d’une longue cohabitation qui a brouillé leurs identités respectives, les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates (SPD) — qui ont gouverné ensemble pendant trois des quatre mandats d’Angela Merkel — traversent une crise si profonde que ce qui était encore impensable il y a peu apparaît aujourd’hui comme un scénario possible, à savoir que, pour la première fois depuis la fin de la guerre, le prochain chancelier pourrait ne pas être issu de leurs rangs (1).
La seconde raison pour laquelle ces élections sont attendues avec une curiosité particulière est liée à la montée en puissance des Verts. Dans l’opposition depuis seize ans au niveau fédéral, ces derniers ont non seulement de fortes chances de participer à la future coalition au pouvoir, mais ils pourraient même être en position de la diriger s’ils arrivent en tête du scrutin au soir du 26 septembre. Si tel était le cas, il s’agirait d’un fait politique majeur pour l’Allemagne mais aussi pour l’Europe tout entière, où aucun écologiste n’a jamais été chef de gouvernement (2).
Annalena Baerbock : une Verte de 40 ans à la chancellerie ?
Née le 15 décembre 1980 à Hanovre, Annalena Baerbock était encore largement inconnue du grand public il y a seulement trois ans. Les Allemands ne l’ont véritablement découverte qu’en janvier 2018, lorsqu’elle a été élue coprésidente des Verts aux côtés de Robert Habeck. À cette date, cependant, nul n’imaginait que cette jeune députée du Brandebourg, titulaire d’un master de droit international de la London School of Economics et ancienne championne de trampoline, ferait partie des successeurs possibles d’Angela …
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