Longtemps marqué par sa défaite humiliante à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Japon aspire désormais à retrouver sa place en Asie, au moment où la montée en puissance de la Chine fait peser sur l’archipel une véritable menace existentielle.
Tokyo partage cette crainte de la menace chinoise avec Taïwan, ancienne colonie japonaise à laquelle l’unissent des liens à la fois économiques, géostratégiques, technologiques et surtout militaires, les autorités japonaises ne faisant plus mystère du fait qu’en cas d’invasion chinoise de l’île rebelle le Japon n’hésiterait pas à se ranger à ses côtés.
Rappelons le contexte : le régime communiste chinois revendique depuis toujours l’entière souveraineté sur Taïwan qu’il considère comme une simple province ayant vocation à être rattachée au continent, au besoin par la force. Confronté à un rapprochement très sensible entre Taïwan et les États-Unis, encore plus net depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden, le président Xi Jinping accuse l’administration américaine de « jouer avec le feu », alors que l’Armée populaire de libération multiplie les manœuvres d’intimidation à proximité de l’île.
Le but de ces centaines d’incursions de chasseurs et de bombardiers chinois dans le ciel taïwanais est, d’une part, de terroriser la population en suggérant qu’il est possible de conquérir Taïwan sans combat et, d’autre part, de dissuader les États-Unis de prendre parti pour l’île. Sans succès : plus que jamais, les Taïwanais sont décidés à se défendre tandis que le président américain et son équipe ont clairement annoncé qu’en cas d’invasion de Taïwan l’armée américaine interviendrait.
La guerre que livre Vladimir Poutine à l’Ukraine depuis le 24 février a fait ressurgir le spectre d’une invasion chinoise de Taïwan. Mais les autorités de l’île ont accéléré les préparatifs afin d’être en mesure, si d’aventure l’Armée populaire de libération (APL) se lançait à l’assaut, de résister suffisamment longtemps pour permettre aux États-Unis de venir à leur rescousse.
Une Chine de plus en plus menaçante
Depuis que Mao Zedong a pris le contrôle de la Chine continentale en 1949, le régime communiste de Pékin n’a jamais caché son intention de remettre la main sur Taïwan et les quelques îles de moindre importance où s’étaient à l’époque réfugiés les membres du Guomindang, le parti nationaliste dirigé par le général Chiang Kai-shek. Trois opérations militaires majeures ont été menées (1954-1955, 1958 et 1995-1996) qui ont toutes échoué à la suite de l’intervention de groupes aéronavals américains, plus puissants que les forces chinoises (1).
La Chine a tiré les leçons de ces échecs cuisants et n’ouvrira pas les hostilités tant qu’elle ne disposera pas —et pendant le temps nécessaire—d’une supériorité numérique indiscutable dans tous les domaines face aux forces armées américaines présentes dans la zone. Elle poursuit sans précipitation excessive un plan de développement de sa marine, entamé en 1978 lorsque Deng Xiaoping a décidé d’ouvrir le pays au commerce maritime mondial.
Aujourd’hui, la marine chinoise aligne environ 450 bâtiments de guerre en ordre de bataille autour de Taïwan et en mer de Chine orientale ou en …
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