Partout dans le monde, la démocratie est à la peine, même si la résistance de l’Ukraine à l’agression russe témoigne de sa résilience. Les observateurs qui suivent de près l’évolution de la Chine estiment qu’elle est l’une des principales causes de ce déclin démocratique généralisé. Au cours des trois dernières décennies, la Chine a certes connu une croissance économique rapide sous un régime communiste stable, ce qui lui a permis de devenir la deuxième économie mondiale et de combler rapidement l’écart avec les États-Unis dans les domaines de la science, de la technologie et de la défense. Mais, dans le même temps, elle a considérablement étendu son influence sur la scène internationale, offrant aux États autoritaires de la planète une alternative séduisante à l’idée que la seule voie vers la modernité serait la démocratie libérale. Non seulement la Chine a pris pied dans des pays et des régions moins développés par le biais de projets tels que l’initiative dite des Routes de la soie ou BRI (Belt and Road Initiative), mais elle a également pénétré les démocraties en s’immisçant dans le fonctionnement d’organisations internationales de premier plan, telles que les Nations unies, l’Organisation mondiale de la santé ou la Banque mondiale.
Trop longtemps indifférents, les dirigeants des pays démocratiques et les représentants de la société civile commencent à prendre conscience du danger. C’est sans doute la raison qui a poussé Liz Truss, ancienne première ministre de Grande-Bretagne en visite à Taïwan, à déclarer le 17 mai 2023 qu’il était temps d’organiser une
« Otan économique » dont le but serait de coordonner la résistance à une Chine qui tend à utiliser tous les moyens de coercition à sa disposition pour parvenir à ses fins.
La Chine manie avec habileté l’arme économique pour faire plier les démocraties. Elle y est parfois parvenue, à une époque où l’attrait du marché chinois était encore irrésistible. Mais la crise du Covid est passée par là, l’économie chinoise a beaucoup souffert et les hommes d’affaires ne croient plus vraiment qu’investir en Chine reste une valeur sûre.
De la soumission…
La Norvège
En 2010, le prix Nobel de la paix a été décerné à Liu Xiaobo, un dissident chinois mondialement connu pour son courageux combat en faveur des victimes du massacre de la place Tiananmen en 1989 et condamné à onze ans de prison l’année précédente. Bien que le comité Nobel soit basé à Oslo et que le prix soit indépendant des décisions du gouvernement, la Norvège a tout de même payé son audace au prix fort. Le Parti communiste chinois (PCC), humilié, a annulé les visites prévues entre les deux pays, rompu les négociations sur des accords commerciaux bilatéraux et imposé des sanctions sur les importations de saumon. La part de marché du saumon frais norvégien, l’une des principales exportations du pays, y est passée de 90 % en 2010 à moins de 30 % au cours du premier semestre 2013. Les entreprises norvégiennes, en particulier les entreprises publiques ou partiellement publiques, ont eu des …
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