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APRES HAFEZ EL-ASSAD ...

Le processus de paix au Proche-Orient est, une fois encore, à la croisée des chemins. Les émeutes qui secouent la Cisjordanie et Gaza opposent, comme à l'accoutumée, les soldats israéliens aux policiers palestiniens armés et à de jeunes civils en colère, cependant que le retrait des forces israéliennes du Sud-Liban laisse le champ libre au Hezbollah. Les négociations entre Israël et la Syrie sont au point mort. Le président syrien, au pouvoir depuis près de trente ans, s'est éteint. Mais, en dépit des tensions et du retard accumulé par rapport au calendrier des pourparlers, le dialogue israélo-palestinien progresse à pas comptés. Se dirige-t-on vers une impasse et une reprise des hostilités ou, au contraire, ces nouveaux incidents sont-ils un prélude à la paix? A moins qu'il ne s'agisse que d'une énième négociation inaboutie ...
La «voie syrienne» dans l'impasse?
Bien que la «voie israélo-syrienne» du processus de paix semble moribonde, elle pourrait bien renaître de ses cendres. Il est, en tout cas, trop tôt pour l'enterrer définitivement. Ces incertitudes sont révélatrices de l'opacité qui continue d'entourer la stratégie syrienne: Damas a-t-il opté pour la paix? Les successeurs de Hafez el-Assad seront-ils capables de franchir le pas décisif?
Un long processus
Il y a six mois encore, un règlement apparaissait comme possible, voire probable, Ehud Barak s'étant engagé, lors de sa prise de fonctions, à jongler simultanément avec les balles syriennes et palestiniennes. L'objectif qu'il poursuivait était double: il souhaitait, d'une part, conduire les deux processus de paix à leur terme le plus vite possible afin de pouvoir se consacrer aux problèmes économiques internes; et, d'autre part, créer une sorte d'émulation entre Arafat et Assad, aucun des deux ne voulant être laissé sur le bord du chemin le jour où son rival aurait conclu un accord avec Israël. Ce dernier raisonnement était irréprochable sur le plan théorique, mais difficile à mettre en pratique. A l'instar de son mentor, Itzhak Rabin, le premier ministre israélien fit tendre tous ses efforts vers un accord avec la Syrie. Contrairement aux problèmes à régler du côté palestinien, les différends étaient clairs et bien délimités: frontières, sécurité et normalisation. Le traité israélo-égyptien devait servir de modèle. Barak et Assad devinrent, un court instant, les objets d'une admiration mutuelle et publique. La politique syrienne d'Ehud Barak était en phase avec les intuitions de Dennis Ross, le chef des négociateurs américains. Celui-ci était depuis longtemps convaincu que la Syrie constituait la clef de voûte d'une paix globale qui devrait nécessairement inclure tous les gouvernements sunnites encore en état de guerre contre Israël et permettrait, à terme, l'intégration économique et politique de l'Etat juif au sein de la région. Ceux qui, à l'inverse, pensaient que seule une réponse satisfaisante aux revendications palestiniennes ouvrirait la voie à la paix régionale s'inclinèrent.
Les pourparlers israélo-syriens, qui se poursuivirent pendant toute la durée des mandats d'Itzhak Rabin et de Shimon Pérès, s'appuyaient sur une base solide. Ils ne furent suspendus qu'en 1996 à l'initiative du N°1 israélien. Shimon Pérès jugea, en effet, …