Certains hommes d'Etat créent l'actualité. Quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent. C'est le cas de Fidel Castro, l'un des derniers dinosaures communistes de la planète, au pouvoir depuis plus de quatre décennies.
Il est rarissime que le maître de Cuba accorde une interview exclusive à une publication occidentale. De tels entretiens se comptent, en effet, sur les doigts de la main. D'où notre satisfaction de pouvoir offrir à nos lecteurs, dans ce Numéro d'été, un exceptionnel dialogue entre le Lider Maximo et l'ex-directeur général de l'Unesco, Federico Mayor. Dialogue conçu et réalisé pour Politique Internationale.
Castro a-t-il renoncé à ses objectifs révolutionnaires ? A-t-il préparé sa succession ? Comment voit-il ses relations avec la Maison-Blanche, une fois levé l'embargo qui frappe son pays ? Combien y a-t-il de prisonniers politiques dans les geôles de l'île ?
Les réponses à ces questions - et à bien d'autres - se trouvent dans les pages qui suivent.
Quarante années après l'hymne à la gloire de Fidel qu'entonna Jean-Paul Sartre, on appréciera, je pense, le portrait de cet autocrate rivé à ses convictions d'un autre âge et confronté à un bilan pour le moins contrasté ...
Après le passé, le présent. Après le mythe, la réalité. Après le régime cubain, le Chili. Un Chili qui a porté à sa tête Ricardo Lagos, premier socialiste élu Président de la République depuis Salvador Allende, en 1970.
Le Chili est-il réellement entré dans l'après-Pinochet ? A Santiago, le pouvoir politique saura-t-il rétablir son autorité pleine et entière sur le haut commandement militaire ?
Là encore, un acteur-clé de la scène latino-américaine s'exprime sans détour.
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Le sujet brûlant de ce trimestre est, bien évidemment, le Proche-Orient. Pour au moins deux raisons : le retrait israélien du Sud-Liban et la mort du président Hafez el-Assad.
La décision historique d'Ehoud Barak de retirer ses troupes de la «zone de sécurité» qu'elles occupaient au nord de la frontière israélo-libanaise ouvrira-t-elle, finalement, la voie de la paix ? Ne risque-t-elle pas, à l'inverse, de déboucher sur une nouvelle guerre avec la Syrie ? Ce retrait unilatéral contribuera-t-il à délégitimer la présence syrienne sur le sol libanais et à atténuer l'hégémonie que Damas exerce sur le pays du Cèdre ? Quelles suites le Hezbollah voudra-t-il donner à ce qu'il appelle déjà sa «victoire sur l'Etat hébreu» ? Comment l'armée israélienne réagira-t-elle si des attaques sont lancées à partir du sol libanais ?
Autres interrogations : le successeur de Hafez el-Assad pourra-t-il reprendre les négociations avec le gouvernement israélien avant d'avoir totalement stabilisé la situation intérieure à Damas ? Combien de temps une telle tâche prendra-t-elle au fils de l'ancien dictateur ? D'ailleurs, ce même Bachar el-Assad parviendra-t-il à s'imposer durablement aux caciques du régime baasiste ?
Last but not least : quel sera l'impact de toutes ces incertitudes sur les pourparlers israélo-palestiniens ?
Pour décrypter ces mystères, nous avons, comme à l'accoutumée, sollicité ceux qui font l'événement et ceux qui l'analysent.
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En Europe, ces temps-ci, deux pays retiennent tout spécialement l'attention des observateurs :
L'Autriche, à cause de la montée en puissance de Jörg Haider et de ses amis.
L'Italie, en raison du retour en force du chef de l'opposition, Silvio Berlusconi.
- L'Autriche: La percée électorale du parti de Jörg Haider relève-t-elle d'un phénomène spécifiquement autrichien ? Et si tel est le cas, comment expliquer que d'autres formations européennes, qui défendent des thèses voisines, obtiennent elles aussi des scores élevés - notamment en Suisse et en Italie ? Ne faut-il pas, dès lors, parler de l'apparition d'un véritable «populisme alpin» ?
- L'Italie: A quoi tient la récurrente popularité de Monsieur Berlusconi, ce dynamique leader du centre-droit italien auquel les augures prédisaient un prompt retour dans le secteur privé? Les déconvenues accumulées par la coalition gouvernementale de centre-gauche suffisent-elles à expliquer cette nouvelle inclination de l'électorat pour le «Cavaliere» ? Les propositions libérales formulées par le chef de l'opposition ne seraient-elles pas, également, l'une des clés de son succès dans les urnes et les sondages ?
Cela dit, comment oublier que le Vieux Continent, c'est aussi la Tchétchénie, écrasée par l'armée russe ; le Monténégro, que Slobodan Milosevic souhaite déstabiliser, voire asservir ; et le Kosovo, dont le sort est loin d'être réglé ?
Face à ces enjeux et défis multiformes, que peuvent faire les Européens? Dans quelles ressources politiques, économiques et spirituelles puiseront-ils pour assurer la suprématie de leurs valeurs ?
Dirigeants politiques et experts livrent, ici, leur sentiment.
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Ce tour du monde resterait incomplet sans une double étape en Afrique et en Asie.
- En Afrique, notre Rédaction a sélectionné trois pays qui méritent, à divers titres, un coup de projecteur :
La Côte-d'Ivoire, où le général Gueï a renversé le régime discrédité de Konan Bédié ;
Le Zimbabwe, où le président Mugabe, à bout de souffle, tente de reconquérir les faveurs de l'électorat rural en encourageant l'expropriation des fermiers blancs ;
La République Centrafricaine, où le président Patassé continue - après le désengagement réussi de la France - de se donner l'illusion de gérer un Etat en trompe-l'oeil.
Trois façons de se situer par rapport au peuple et au pouvoir. Trois leçons à méditer.
- En Asie, le grand débat du moment est celui des relations Pékin/Taipei. L'élection, à Taiwan, d'un président réputé indépendantiste se traduira-t-elle, à terme, par un regain de tension avec la Chine continentale ? Cette tension peut-elle dégénérer et se transformer en conflit armé ? A supposer qu'elle le veuille, la RPC dispose-t-elle des moyens militaires qui lui permettraient d'envahir Taiwan ? Quelle doit être l'attitude de l'Occident (en général) et des Etats-Unis (en particulier) vis-à-vis de Pékin ? Le traitement infligé aux Tibétains depuis tant d'années ne révèle-t-il pas, mieux que de savantes analyses, l'inquiétante relation que les dirigeants pékinois s'obstinent à entretenir avec la tolérance et la liberté ?
Sur l'Asie comme sur l'Afrique, nos lecteurs trouveront, dans ce Numéro d'été, de quoi étancher leur curiosité.
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«Les peuples n'ont jamais que le degré de liberté que leur audace conquiert sur la peur», écrivait Stendhal. De Pékin à La Havane en passant par l'Autriche, cet aphorisme - on voudra bien en convenir - nous a inspirés.
A toutes et à tous : bonne lecture.