Décidément, l'Italie n'est pas près de démentir sa réputation d'instabilité politique. La législature, inaugurée en 1996 avec la victoire d'une coalition de centre gauche qui prétendait assurer la stabilité au pays, en est maintenant à son troisième gouvernement. En octobre 1998, Romano Prodi démissionnait après avoir perdu, à une voix de majorité, la confiance des députés. En avril 2000, l'échec de la coalition aux élections régionales entraîne le départ de Massimo D'Alema. Ces deux démissions, aux aspects inédits dans l'histoire de la République, témoignent de l'extrême fragilité de ce centre gauche. Fragilité qui contraste, du moins en apparence, avec la bonne santé de son adversaire, le Pôle des libertés, et avec l'aplomb de son chef, Silvio Berlusconi. Est-ce à dire que, de l'autre côté des Alpes, les jeux sont faits à quelques mois des prochaines et décisives échéances électorales ?
La course contre la montre du centre gauche
Il y a, de prime abord, quelque chose de paradoxal dans la situation du centre gauche italien. Le bilan de l'action conduite par Romano Prodi et Massimo D'Alema au Palais Chigi n'a rien de honteux (1). Bien au contraire. Dans l'ensemble, l'un et l'autre ont poursuivi le remarquable assainissement des finances publiques, l'ambitieuse réforme de l'Etat et la modernisation de l'économie et des relations sociales engagés, depuis 1992, par les différentes équipes au pouvoir, à l'exception notable du gouvernement Berlusconi (mai-décembre 1994). Certes, chacun d'entre eux a marqué de sa propre griffe son passage aux affaires. Romano Prodi a relevé le plus grand des défis, celui de l'Europe de Maastricht. Sa détermination a permis à l'Italie d'entrer dans l'Euroland, infligeant un démenti cinglant à tous les oiseaux de mauvais augure. Quant à l'ancien communiste Massimo D'Alema, la guerre du Kosovo l'a placé dans une situation difficile eu égard au vigoureux pacifisme de son propre camp. Mais il est parvenu, au prix de quelques contorsions, à honorer les engagements internationaux de son pays (2). Malheureusement pour lui, les jugements de l'opinion diffèrent sensiblement de ceux des observateurs.
Trop d'écueils ont barré la route au grand amateur de voile qu'est Massimo D'Alema. Ses 547 jours à la présidence du Conseil ont beau avoir coïncidé avec une légère mais incontestable amélioration des indices économiques et sociaux, les Italiens ne sont pas encore conscients de cette embellie. A l'instar de la plupart de ses camarades de l'Internationale socialiste exerçant des fonctions similaires dans les autres capitales de l'Union européenne, Massimo D'Alema s'est retrouvé sur la corde raide.
D'un côté, en effet, il a désarçonné ses soutiens traditionnels. Les puissants syndicats n'ont pas apprécié ses éloges de la flexibilité, sa volonté d'introduire davantage de souplesse dans l'organisation du marché du travail et son désir de remettre sur l'établi l'épineux dossier des retraites. Les réformes entreprises dans l'éducation nationale ont provoqué d'importantes manifestations de protestation des enseignants et des étudiants, tandis que les projets de réforme de la santé publique ont été la cible de critiques sévères. Les chômeurs, les exclus, les nouveaux pauvres - dont le nombre …
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