L'accession au pouvoir, en Autriche, du gouvernement de coalition conservateurs (ÖVP)-droite nationaliste xénophobe (FPÖ a constitué l'événement politique majeur de ce début d'année 2000. On a vu, à cette occasion, émerger la notion scientifiquement floue de «populisme alpin» pour rendre compte de la percée électorale de deux partis: en Suisse, l'Union démocratique du centre (UDC), dont l'aile alémanique est désormais majoritairement acquise à Christoph Blocher; et, en Autriche, le FPÖ, dominé par la figure charismatique de Jörg Haider. Si l'on y ajoute les scores élevés, en Italie, de la Lega Nord et, dans le canton suisse du Tessin, de la Lega dei Ticinesi, force est de constater qu'il se passe effectivement quelque chose au centre de l'Europe.
L'intérêt de ce phénomène est d'autant plus grand qu'il ne se réduit pas à l'Europe alpine: en Norvège, Carl Ivar Hagen et son Parti du progrès recueillent 15,3% des suffrages; au Danemark, le Parti du peuple danois de Pia Kjaersgaard et le Fremskridtspartiet totalisent 9,8% des voix et étaient crédités, à eux deux, de 18% des intentions de vote en février 2000. Ces formations ont en commun avec l'UDC et le FPÖ d'incarner une réaction nationaliste-populiste, non à un contexte de récession économique - comme, en leur temps, le Front national français et le Front national wallon -, mais à une situation de croissance, de plein-emploi ou de faible chômage. Ils contestent les méthodes de gouvernement de la social-démocratie et celles d'une droite libérale ralliée plus ou moins largement à l'Etat-Providence, mais acceptent sans réserves le jeu politique et institutionnel démocratique. Loin des simplifications abusives qui plaquent artificiellement sur ces phénomènes politiques les schémas des années 30-40, nous sommes donc en présence de droites extrêmes plutôt que d'extrêmes droites traditionnelles assumant leur filiation avec les fascismes locaux. Et si la plupart des politologues les rangent dans la catégorie des extrémismes «post-industriels» - pour reprendre la classification de Piero Ignazi - à cause de leur coloration xénophobe et autoritaire, ainsi que de leur vision du passé national qui traduit un travail de mémoire non entamé (ou non terminé), il faut dire clairement qu'en raison même de la place subalterne qu'ils assignent à l'Etat et de l'absence de corporatisme dans leur programme social, ils ne sont ni néo-fascistes ni néo-nazis.
Le populisme alpin prône le démantèlement de l'Etat-Providence et la dérégulation de l'ensemble de l'économie; malgré cet engagement ultra-libéral, il se méfie du libre-échange au nom de l'intérêt national; il s'oppose, également au nom de cet intérêt, à certaines formes de supranationalité, particulièrement à l'Europe fédérale, mais n'est pas fondamentalement hostile à une Europe des régions; il défend une conception exclusiviste, ethno-différentialiste, de l'identité nationale qui suppose la xénophobie ainsi que le rejet de l'immigration; enfin, il se réclame d'une sorte de communauté de destin propre à la Mitteleuropa.
Le FPÖ: une réaction au blocage des institutions
L'histoire du FPÖ remonte à la fondation, en 1949, de l'Association des Indépendants (Verband der Unabhängigen-VdU), qui permit la réinsertion politique de nombreux anciens cadres moyens et inférieurs …
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