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ISRAEL-PALESTINE : LA DECHIRURE

Vendredi 29 septembre, à Jérusalem, dans la mosquée Al-Aqsa, la prière du vendredi touche à sa fin. Une cinquantaine de Palestiniens jettent des pierres sur les policiers israéliens en faction et sur les fidèles juifs qui prient, en contrebas, devant le mur occidental dit «des Lamentations». Ils s'élèvent contre la venue sur l'esplanade des mosquées (1) , la veille, du leader du Likoud, Ariel Sharon. Cette visite, censée affirmer la souveraineté israélienne sur le site, a été perçue comme une provocation, alors que la question, si sensible, de Jérusalem est sur la table des négociations. Les protestations palestiniennes s'attirent une riposte pour le moins musclée de la police: 7 Palestiniens sont tués, 220 blessés. Le lendemain, les émeutes gagnent la Cisjordanie, la bande de Gaza et même les régions arabes à l'intérieur d'Israël. Une nouvelle Intifada a commencé ...
Retour sur Camp David
Pour comprendre le déclenchement et l'installation dans la durée de ce nouveau cycle d'affrontements, il faut revenir sur l'échec du sommet de Camp David en juillet dernier. Comment le ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben Ami pouvait-il afficher, fin août, la certitude inébranlable qu'un accord était à portée de main quand, au même moment, le négociateur palestinien Saeb Erakat déclarait, lui, qu'il restait de nombreux obstacles à franchir avant de parvenir à la rédaction d'un texte de compromis? L'un des deux a-t-il menti?
En réalité, chacun des protagonistes était sincère. Mais leur lecture respective du sommet tripartite de Camp David divergeait. Au fond, les Israéliens comme les Palestiniens ont surtout évalué ce sommet par rapport à leur propre camp: les premiers ont eu le sentiment d'avancer des propositions courageuses, en rupture avec un consensus israélien beaucoup plus frileux tandis que les seconds étaient convaincus que l'on était encore bien loin du minimum acceptable par l'opinion publique palestinienne et, plus largement, arabe. Que chaque partenaire se soit ainsi mépris sur les attentes de l'autre dénote, sans doute, une méconnaissance mutuelle persistante. Mais cet obstacle aurait pu être contourné si le médiateur américain avait eu une vision claire des «lignes rouges» que chacune des parties se devait de ne pas franchir. Tel ne fut malheureusement pas le cas. Parce qu'ils ont mal évalué les contraintes qui pèsent sur les négociateurs palestiniens, les Etats-Unis n'ont pas été en mesure de dégager les véritables formules de compromis qui auraient, peut-être, permis de rapprocher les points de vue.
Une chose est sûre, en tout cas, c'est que le sommet ne se présentait pas sous les meilleurs auspices. Arafat le jugeait prématuré au motif que les discussions préparatoires n'avaient pas suffisamment déblayé le terrain sur les questions, ô combien ardues, de Jérusalem, des réfugiés, des implantations et des frontières. Américains et Israéliens ne l'entendaient pas de cette oreille. Sans doute ont-ils sous-estimé l'ampleur des difficultés, tant ils étaient désireux d'aboutir à un résultat. Bill Clinton aurait voulu pouvoir couronner sa présidence par un éclatant succès au Moyen-Orient - lui qui s'était dépensé sans compter durant ses deux mandats. De son côté, Ehoud …