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PROCHE-ORIENT : UN CONFLIT EXISTENTIEL

Fort heureusement pour les chantres du manichéisme et de la pensée unique, le Likoud existe. Le principal parti nationaliste israélien, toujours arc-bouté sur la revendication du Grand Israël et, à ce titre, opposé aux accords d'Oslo, permet en effet d'expliquer à bon compte les explosions de violence qui secouent régulièrement le Proche-Orient, en particulier la Palestine géographique. Dérivatif idéal pour problèmes complexes, le Likoud est du reste très souvent placé sur le même piédestal que le Hamas, mouvement terroriste palestinien d'obédience islamiste. Hier Benyamin Netanyahou était l'obstacle à la paix avec son «tunnel de la discorde»; aujourd'hui Ariel Sharon est le provocateur par qui a surgi la guerre. Et demain? Quel autre arbre du nationalisme israélien choisira-t-on pour cacher la forêt des aberrations, hypocrisies et vaines utopies des calamiteux accords d'Oslo?
Certes, le 28 septembre 2000, par le caractère spectaculaire de sa visite sur l'esplanade des Mosquées, le chef du Likoud a cherché à envenimer les rapports déjà très tendus entre le gouvernement travailliste et l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat, de manière à déstabiliser le premier ministre Ehoud Barak. Pourquoi s'en étonner? L'initiative n'est-elle pas politiquement logique et presque banale de la part d'un leader d'opposition en régime démocratique?
Pour sa part, en bon adepte occasionnel du grand Clausewitz, Yasser Arafat a récupéré l'événement, utilisant la guerre - en fait, lâchant la bride à une légitime exaspération populaire - en guise de continuation de la politique par d'autres moyens. Car, depuis l'échec du sommet de Camp David II en juillet 2000, les pourparlers piétinaient et le partenaire israélien passait, aux yeux des Etats-Unis et même de l'Union européenne, pour être plus ouvert au compromis que son homologue palestinien. Il fallait donc rétablir l'équilibre des forces d'une façon ou d'une autre.
Faut-il voir dans ces deux facteurs conjoncturels les seules raisons de la guerre ouverte que se livrent depuis plusieurs mois Israël et l'Autorité palestinienne? S'en contenter, en tout cas, c'est ne pas comprendre les mécanismes pervers qui constituent les causes profondes du conflit actuel.
Les équivoques d'Oslo
Les architectes travaillistes des accords d'Oslo ont sans doute péché autant sur la forme que sur le fond. D'emblée, il avait été décidé de laisser en suspens les cinq questions les plus complexes: la souveraineté sur Jérusalem; le droit au retour des réfugiés; le sort des implantations; le partage de l'eau; et le tracé définitif des frontières. En attendant, les négociations s'engagèrent sur les points perçus comme les moins difficiles: l'octroi à Yasser Arafat de pouvoirs municipaux étendus à Gaza et Jéricho, puis dans les six agglomérations palestiniennes de Cisjordanie (hors Jérusalem-Est); la redistribution des taxes et des droits de douane entre l'Etat hébreu et cette nouvelle entité politique baptisée Autonomie palestinienne; l'organisation de patrouilles militaires conjointes dans certaines zones sensibles; les travailleurs palestiniens en Israël, etc.
Pour Shimon Pérès, Yossi Beilin et Uri Savir, les principaux négociateurs israéliens, l'objectif politique fondamental était double: d'une part, se décharger du fardeau des zones à forte concentration palestinienne en révolte endémique; d'autre part, encourager les …