Les micro-Etats insulaires de l'hémisphère Sud projettent une image de carte postale touristique, en même temps qu'ils sont affligés d'une réputation sulfureuse, alimentée par les films de James Bond ou les romans d'espionnage de John Le Carré. A l'instar de la Suisse, ils apparaissent comme des «pays sans histoire», font rarement la Une de l'actualité et abritent souvent les grandes fortunes de puissances occultes. A condition d'avoir atteint un certain niveau de développement, ces petites îles permettent, en effet, de blanchir de l'argent sale et de domicilier le siège social d'entreprises douteuses. Sur le plan diplomatique, stratégique et économique, elles revêtent un intérêt inversement proportionnel à leur taille, qu'il s'agisse de gagner une voix à l'Assemblée générale de l'ONU, d'obtenir des facilités du point de vue militaire ou de s'assurer une position avantageuse sur les grandes routes maritimes de ce monde.
Les attributs étatiques de ces petits territoires, conjugués à leur vulnérabilité intrinsèque, excitent la convoitise des gouvernements du monde industrialisé comme des organisations criminelles. On constate une corrélation très forte entre l'exiguïté des micro-Etats insulaires, leur instabilité politique et le risque d'une criminalisation de leur économie. L'analyse de ce cocktail explosif et des dangers qui en découlent pour la communauté internationale requiert une double lecture, politique et géographique.
Des Etats si fragiles ...
Les micro-Etats insulaires rencontrent généralement d'énormes difficultés pour mettre en place une administration digne de ce nom sur des îlots épars et parfois déserts, ainsi que sur des zones maritimes dont la surveillance nécessite des moyens hors de proportion avec les ressources des gouvernements concernés. Les gardes-côtes ne peuvent guère inspecter efficacement des espaces immenses.
Administrations défaillantes
Des innombrables îles que comptent les Samoa occidentales, par exemple, neuf seulement sont véritablement habitées, représentant 90% de la superficie du pays et plus de 80% de sa population. De même, les Seychelles recensent plus d'une centaine d'îles, inhabitées pour la plupart, et dont certaines se trouvent à un millier de kilomètres de la capitale. La Guinée équatoriale s'étend, elle aussi, sur de vastes étendues. Sa capitale se dresse sur le cratère d'un volcan éteint: l'île de Bioko est la partie émergente d'une chaîne de montagnes qui commence au Cameroun et se prolonge vers le sud-ouest, au-delà de São Tomé, jusqu'à Annobón. Anciennement connu sous le nom de Pagalù, Annobón est un petit îlot qui dépend de la Guinée équatoriale. Avec une seule localité, Palé, et un dispensaire géré par des missionnaires, il ne compte que 2000 habitants, principalement des pêcheurs, et n'est même plus ravitaillé par avion depuis 1992 - année au cours de laquelle la coopération espagnole a supprimé le vol mensuel qu'assurait un appareil militaire (1). En 1988, il a été question d'y déverser des déchets nucléaires et la population demande, depuis lors, son autonomie ...
Les contraintes de la géographie compliquent indéniablement la gestion d'archipels éclatés ou d'Etats «à cheval» entre le continent et la mer. Les tentatives de fédération ont généralement échoué. Formée en 1958, la fédération des West Indies n'a pas survécu au …
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