Depuis l'entrée en fonction de George W. Bush, la politique irakienne des Etats-Unis a été marquée par une succession de nouveaux développements. Certes, il est encore un peu tôt pour en tracer les contours avec certitude à l'horizon des quatre années du mandat républicain. Mais une chose est sûre : le président Bush Jr. semble fermement décidé - comme il l'avait annoncé durant la campagne - à faire de la question irakienne sa priorité N° 1 en matière de sécurité au Moyen-Orient.
Par ailleurs, les premiers mois de la présidence ont révélé, clairement, l'émergence de deux camps bien distincts à Washington.
Faucons et colombes
Dans le domaine de la politique étrangère, l'actuelle administration Bush (Bush II) a, pour une large part, recruté ses membres parmi ceux des précédentes administrations républicaines, à commencer par celle de Bush père (Bush I). Nombre d'entre eux avaient été les architectes de la politique américaine envers l'Irak à l'époque de la guerre du Golfe et au lendemain de celle-ci. Après l'attribution de la vice-présidence à l'ancien secrétaire à la Défense sous Bush I, Richard Cheney, les deux postes clés de la diplomatie américaine - Affaires étrangères et Défense - ont été confiés respectivement au général Colin Powell et à Donald Rumsfeld. On se souvient du rôle joué par Colin Powell pendant la guerre du Golfe : alors chef d'état-major des armées, il avait prôné un usage modéré de la force à l'encontre de l'Irak et milité en faveur d'une issue diplomatique à la crise. Au contraire, Donald Rumsfeld, qui avait déjà exercé les fonctions de secrétaire à la Défense sous Gerald Ford, avait confirmé sa réputation de faucon en soutenant l'option d'un renversement du régime irakien.
Un clivage ancien
La plupart des experts estiment que la politique irakienne de la nouvelle administration résultera de l'affrontement entre les deux approches incarnées par Powell et Rumsfeld. Le premier est partisan d'une politique de containment fondée sur l'interdiction des ventes d'armes à l'Irak et un strict contrôle des frontières destiné à en assurer l'application effective, tandis que le second préconise une politique de « libération » fondée sur un soutien massif à l'opposition irakienne, conformément à l'Iraq Liberation Act (ILA)(1).
En janvier 1998, D. Rumsfeld rédigea, avec d'autres analystes politiques conservateurs, une lettre ouverte au président Clinton, appelant ce dernier à modifier l'orientation générale de la politique irakienne des Etats-Unis, autrement dit à abandonner le containment pour une attitude plus offensive visant à « chasser Saddam Hussein et son clan du pouvoir » ... Parmi les signataires de ce document, figuraient également Richard Armitage, Richard Perle, Paul Wolfowitz et Robert Zoellick, autant de personnalités qui ont pris part à la campagne de George W. Bush en tant que conseillers pour la politique extérieure et qui, à une exception près, ont tous été appelés à des fonctions éminentes au lendemain de la victoire du candidat républicain. Ainsi, Armitage, qui fut sous-secrétaire à la Défense sous Reagan et conseiller spécial sous Bush I, a été nommé vice-secrétaire d'Etat, ce qui …
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