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INTIFADA OU GUERRE SAINTE?

Le processus de paix entamé à Madrid et à Oslo au début des années 90 prévoyait la mise en place d'une « Autonomie palestinienne », embryon d'Etat doté de compétences propres(1). Depuis 1997, ce processus s'est progressivement grippé. L'Autorité palestinienne reproche aux Israéliens de restreindre sa souveraineté en se réservant la possibilité d'intervenir discrétionnairement en zone sous contrôle palestinien, au nom de la lutte anti-terroriste et de la sécurité des implantations juives- colonies dont l'extension est, précisément, un casus belli pour les Palestiniens. De son côté, la partie israélienne prend prétexte de la « menace terroriste » pour ne pas appliquer les accords d'Oslo. Force est de reconnaître que, s'il constitue parfois un épouvantail utile pour les Israéliens, l'argument sécuritaire n'est pas pour autant dénué de fondements. L'Autorité palestinienne et ses forces spéciales ou alliées (Garde présidentielle, Force 17, Fatah, Tanzim (2)) ont, en effet, une attitude ambivalente envers les mouvements islamistes et terroristes. Yasser Arafat ne peut ni ne veut réellement les démanteler, tablant sur une nouvelle « stratégie de l'embrasement » et sur une islamisation du conflit. Ce qui explique que la seconde Intifada - déclenchée fin septembre 2000 et nommée « Intifada Al-Aqsa », en référence à la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem - revête un caractère bien plus religieux que la première (1987-1993).
De Jérusalem à Camp David
Comme on l'a vu lors du sommet de Camp David II, en juillet 2000, le statut de Jérusalem divise non seulement les Israéliens et les Palestiniens, mais également les Israéliens entre eux. L'un des principaux reproches formulés par Ariel Sharon à l'encontre de son prédécesseur, Ehoud Barak, n'est-il pas d'avoir « sacrifié » sur l'autel des négociations « l'indivisibilité de Jérusalem » et abandonné les droits d'Israël sur le Mont du Temple ?
L'enjeu symbolique
Jérusalem, mentionnée près de 700 fois dans l'Ancien Testament, est à la fois le Lieu Saint par excellence du judaïsme, première des trois religions abrahamiques, la terre de prédication du Christ où se trouve le Saint-Sépulcre, et la « troisième ville sacrée » de l'Islam, après La Mecque et Médine. Pour les musulmans, Jérusalem (Al-Qods (3), c'est-à-dire « La Sainte »), abrite la « noble enceinte » - haram Al-Sharif - où se trouvent le Dôme du rocher et la mosquée Al-Aqsa. Pour les juifs, cette « Esplanade des Mosquées » est, depuis toujours, l'« Esplanade du Mont du Temple », puisqu'elle correspond à l'emplacement exact du premier temple (4) édifié près de deux mille ans avant le Dôme et la mosquée Al-Aqsa. Or la judéité de Jérusalem, attestée par les archéologues, est violemment niée par les Palestiniens, à commencer par le grand mufti de Jérusalem et par Yasser Arafat. Dans les représentations judaïques et sionistes, au contraire, Jérusalem est la capitale des juifs du monde entier « depuis le roi David », c'est-à-dire depuis 3004 ans. Ces quelques arpents de terre sont donc le lieu d'une triple légitimité religieuse. Aussi le statut de la Ville sainte est-il l'enjeu d'une véritable guerre de représentations …