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FALUNGONG: LA SECTE QUI FAIT PEUR A PEKIN...

La République populaire de Chine a fêté son 52e anniversaire le 1er octobre 2001. Après plus de cinq décennies de vicissitudes ponctuées par les mouvements démocratiques de 1979 et 1989, l'effondrement du mur de Berlin et l'éclatement du bloc soviétique, le pouvoir communiste semble toujours tenir le pays d'une main de fer. Pourtant, à l'heure où le N° 1 du pays, le président Jiang Zemin, ne cesse de réaffirmer ses objectifs de stabilité sociale et de développement économique, une nouvelle menace se profile. Contrairement à toute attente, elle n'émane ni des milieux intellectuels ou syndicaux oeuvrant sur place, ni des associations de droits de l'homme basées à l'étranger, mais d'un mouvement religieux aux visées énigmatiques : la secte Falungong. La violente répression et la campagne de propagande sans précédent lancées à son encontre par les autorités de Pékin depuis juillet 1999 révèlent, indubitablement, les craintes et les faiblesses du régime.
Une doctrine confuse entre tradition et science-fiction

Lorsqu'est né le Falungong au tournant des années 80-90, il ne s'agissait que d'un ensemble de méthodes méditatives et gymniques professées par un maître du nom de Li Hongzhi et dont le but était d'apporter aux adeptes un bien-être à la fois physique et spirituel. Ce type d'école se rattache à des traditions taoïstes extrêmement anciennes et s'inscrit dans le concept - répandu aussi bien dans les mondes indien que chinois - de la diffusion d'une doctrine par le biais de relations «en cascade» de maître à disciples, génération après génération.
Le terme falun - littéralement «roue de la loi» - est directement emprunté au bouddhisme, fondé en Inde au VIe siècle avant J.-C. par Siddharta Gautama. Celui-ci enseigna à ses premiers disciples une doctrine (dharma en sanskrit) qui devait leur permettre d'atteindre l'Eveil (Nirvana). La voie proposée par Bouddha (l'Eveillé) est constituée d'une somme de huit catégories de techniques. C'est pourquoi on l'appelle aussi la «Voie aux huit chemins» . La tradition a par la suite représenté ces techniques méditatives par un symbole : une roue à huit rayons, le falun.
Quant au mot gong, il désigne les mérites ou les capacités que le pratiquant est censé acquérir grâce à l'enseignement de son maître. Egalement utilisé dans les arts martiaux dont l'apprentissage répond au même schéma, il est inspiré du taoïsme. «Vieux fonds de la pensée chinoise» , comme on le qualifie parfois, le taoïsme est une doctrine philosophique surtout connue pour sa tentative de description de l'univers par les forces complémentaires du yin et du yang. Il a, au cours des siècles, engendré de nombreux courants religieux, littéraires et artistiques, mais il a aussi joué un rôle important dans le domaine médical, l'un des objectifs majeurs du taoïsme étant de parvenir à conserver et à nourrir le plus longtemps possible le Qi (Tsi, énergie vitale) que chaque individu possède en lui, avec pour objectif ultime d'atteindre l'immortalité. Son influence a, de ce fait, été considérable sur le développement de la médecine chinoise traditionnelle (acupuncture et pharmacopée), ainsi que sur des disciplines …