Quand, au lendemain du 11 septembre, les dirigeants occidentaux, Tony Blair et George W. Bush en tête, ont déclaré la «guerre au terrorisme», l’ennemi, désigné sous le terme vague de «forces du mal», était loin d’être clairement identifié. Tous se sont évertués à préciser que ce terrorisme n’était pas d’essence islamique et que l’islam était compatible avec la démocratie, avec le mode de vie américain, la République française, etc. Les rares responsables politiques qui, avant ces événements, avaient tiré la sonnette d’alarme, avaient dû faire acte de repentance, une activité très en vogue en ces temps post-coloniaux où un vaste sentiment de culpabilité submerge tous nos dirigeants, depuis le pape et les évêques jusqu’aux présidents et aux premiers ministres. Le secrétaire général de l’Otan, Willy Claes, avait été l’un de ces esprits clairvoyants. Dès 1995, il mettait en garde contre le fondamentalisme islamique qui, à ses yeux, représentait depuis la fin de la guerre froide «la menace la plus grave pour l’Alliance atlantique et pour la sécurité de l’Occident». Selon Claes, l’islam militant était même plus dangereux que le communisme car il combinait «le terrorisme, le fanatisme religieux et l’exploitation des injustices sociales et économiques». Ses propos provoquèrent une onde de choc dans les milieux politiquement corrects et infligèrent au monde musulman un camouflet moral. Il n’en fallut pas plus pour que Claes — à l’instar des intellectuels soviétiques contraints, lors des abjectes séances de confession publique qui accompagnèrent les procès staliniens, de renier leurs engagements — se sente obligé de proclamer à son tour que «le fondamentalisme religieux, qu’il soit islamique ou d’une autre nature, n’est pas un problème pour l’Otan». Pourtant, la tragédie du 11 septembre n’aurait jamais eu lieu si l’on avait accepté de regarder la réalité en face. Non seulement le «politiquement correct» — qui n’est finalement qu’une des formes du terrorisme intellectuel, et au nom duquel on flatte le monde islamique pour des raisons géostratégiques, commerciales et pétrolières — contribue à rabaisser et à humilier l’Occident; mais il lui ôte la possibilité d’identifier avec précision son ennemi et de prendre les mesures qui s’imposent pour le combattre. Si seulement les premiers avertissements de Willy Claes avaient été entendus!
Pakistan et Arabie Saoudite: des alliés encombrants
Jusqu’à présent, les opérations militaires en Afghanistan se sont remarquablement bien déroulées. Bush a fait preuve d’une détermination tout aussi remarquable à mener cette guerre jusqu’au bout en se concentrant sur des cibles précises: les talibans, le réseau Al-Qaida, Oussama Ben Laden et ses disciples. La chasse aux réseaux terroristes doit continuer au-delà des frontières afghanes, en Somalie, aux Philippines et au Soudan. Mais, parallèlement, il convient d’adopter une approche politique plus large. Chaque pays, en effet, est un cas particulier qui mérite d’être traité à part.
A la grande surprise de nombreux observateurs, les Etats-Unis ont réussi à enrôler le Pakistan dans leur croisade anti-talibans moyennant, il est vrai, une aide économique de 1,1 milliard de dollars. Mais ont-ils réellement réfléchi aux conséquences de cette manne qu’ils déversent sans …
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