Jean-Paul Picaper — Monsieur le Ministre-président, les sondages vous donnent gagnant aux législatives du 22 septembre. Quel crédit faut-il leur accorder ?
Edmund Stoiber — La CDU/CSU a démarré en force dans la campagne électorale. Actuellement, nous nous maintenons, avec une remarquable stabilité, à plus de 40 % des intentions de vote. Les citoyens et les citoyennes font particulièrement confiance à la compétence de la CDU/CSU (1) en matière économique et de lutte contre le chômage. Les gens, ici, sentent que la politique du flegme et de l'immobilisme que pratique Schröder ne suffit plus. Nous, nous voulons moderniser l'Allemagne.
J.-P. P. - Le mode de scrutin allemand permet difficilement d'obtenir la majorité absolue. Quels sont les types de coalitions qui vous paraissent envisageables ?
E. S. - Nous avons clairement annoncé notre intention de former une coalition avec le parti libéral (FDP). Si nous atteignons notre objectif d'au moins 40 % des voix, nous aurons de bonnes chances de la réaliser. Les possibilités offertes au parti social-démocrate (SPD) de Schröder sont, en revanche, des plus réduites. Selon la plupart des observateurs politiques, une alliance avec les Verts n'est plus possible (2). Schröder lui-même a rejeté l'idée d'une coalition avec le PDS post-communiste au niveau fédéral. Quant au FDP, on voit mal comment il pourrait trouver un terrain d'entente avec les sociaux-démocrates. Le SPD a d'ailleurs exclu tout rapprochement avec le FDP au lendemain du congrès des libéraux, le 12 mai dernier. Il se retrouve donc totalement seul.
J.-P. P. - Pourriez-vous envisager de former une coalition avec le parti conservateur hambourgeois du juge Ronald Schill (3) ou avec les Verts ?
E. S. - Une coalition avec Schill s'exclut d'elle-même pour la bonne raison que son parti ne se présentera pas aux législatives de septembre prochain. Quant aux Verts, ils tournent le dos à l'avenir. Ils semblent considérer que leur rôle consiste à n'être que des empêcheurs de tourner en rond. Enfermés dans leur idéologie, ils répugnent à une politique réaliste qui apporterait davantage de croissance et d'emplois.
J.-P. P. - Jamais, depuis la création de la République fédérale, un gouvernement n'a été remplacé au terme d'une seule et unique législature. Pourquoi cela se produirait-il cette fois-ci ?
E. S. - Le chancelier Schröder a déclaré après son élection, en 1998, qu'il faudrait le juger sur sa capacité à faire reculer le chômage sous la barre des 3,5 millions de demandeurs d'emploi. Il a manqué son but, et de beaucoup. Son gouvernement n'est donc pas digne d'être réélu. De tous les pays européens, l'Allemagne est celui qui a la croissance la plus faible, le taux de chômage le plus élevé et les déficits budgétaires les plus importants. Les instituts de recherche économique tablent sur 4 millions de chômeurs en 2002 ! Il y a quelques années à peine, l'Allemagne passait pour un modèle de stabilité économique. Or, aujourd'hui, nos voisins se font du souci pour la parité de l'euro à cause de la faiblesse de l'économie allemande ! La politique …
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