Depuis septembre 2000, Israéliens et Palestiniens sont entrés dans une guerre d'usure au terme imprévisible. Guerre d'usure parce qu'il s'agit bien d'affrontements violents, sur une période prolongée, par lesquels chacun des adversaires cherche moins à vaincre définitivement l'autre qu'à l'épuiser. Cet objectif rapproche l'actuelle confrontation israélo-palestinienne du conflit qui mit aux prises, le long du canal de Suez, Israël et l'Égypte nassérienne durant deux années (de septembre 1968 à août 1970). Mais le parallèle s'arrête là car, à l'époque, la bataille opposait les armées régulières de deux États à coups de duels d'artillerie et de bombardements aériens. Aujourd'hui, on a affaire à un combat inégal opposant l'armée israélienne à des groupes semi-clandestins, mi-guérilleros, mi-terroristes.
Ce conflit est à la fois dissymétrique et asymétrique. L'idée de dissymétrie renvoie au déséquilibre quantitatif — incontestable — entre Tsahal, la plus puissante armée de la région, et des forces palestiniennes dotées d'armes légères, de bombes et de quelques mortiers. L'idée d'asymétrie évoque la différence qualitative dans les moyens utilisés. Tsahal puise dans la panoplie militaire classique (obus, chars, hélicoptères, avions) quand les groupes palestiniens, eux, utilisent de façon systématique des méthodes tenues pour déloyales et immorales, notamment l'attentat contre des civils. A l'évidence, les procédés asymétriques, tel le terrorisme, sont perçus par ceux qui y ont recours comme devant « compenser » la dissymétrie des forces conventionnelles.
Les premières victimes de ce type d'affrontements sont les civils : Palestiniens tués lors des opérations de « ratissage » de Tsahal ou Israéliens fauchés par l'explosion de bombes. Les sociétés sont touchées de plein fouet par la violence. En occupant les villes, en encerclant les villages, en instaurant des barrages permanents sur les routes, l'armée israélienne a totalement désorganisé l'existence quotidienne des Palestiniens, incapables de se déplacer normalement entre leurs différentes enclaves territoriales. Le bouclage a fait grimper le chômage à des niveaux jamais atteints (80 % à Gaza) ; la pauvreté progresse et l'économie est sinistrée. Du côté israélien, la vie est devenue plus difficile pour les 200 000 colons juifs pris régulièrement pour cibles par les francs-tireurs palestiniens. En Israël même, la multiplication des attentats-suicides et la crainte qu'ils inspirent ont traumatisé la population. Sur le plan économique, la reprise de la violence a frappé certains secteurs, comme le tourisme, et précipité la baisse des investissements étrangers. Le marasme général s'est aggravé (1).
Dans un tel contexte, briser la spirale de la violence apparaît indispensable. Mais cet impératif relève de la gageure lorsque les leaders des deux camps sont incapables de s'élever au-delà des contingences pour offrir une véritable vision d'avenir à leurs peuples.
Le couple infernal Sharon-Arafat
Le confinement, durant cinq mois, de Yasser Arafat, à Ramallah, à portée de tir des blindés israéliens, est signifiant à plus d'un titre. Il évoque en premier lieu le siège de Beyrouth, il y a vingt ans. Face à un Arafat de facto prisonnier, on retrouve le même Sharon, devenu depuis premier ministre, qui aurait tant aimé « finir le travail » entamé au Liban : …
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