Au Proche-Orient, les rêves de développement économique, échafaudés par Shimon Pérès dans le sillage des accords d'Oslo, ont vécu. Les mois qui viennent de s'écouler ont réduit à néant, du moins pour l'instant, tous les projets visant à créer un nouveau mode de relation, fondé sur la coopération et l'échange, entre Israéliens et Palestiniens.
Dans la foulée des accords signés, en 1993, à Washington, plusieurs conférences rassemblant tous les pays de la région ont été organisées. Il s'agissait alors d'accompagner et de consolider le processus de paix par le biais d'une normalisation économique entre Israël et ses voisins arabes. Une série d'ambitieux projets ont vu le jour. La mise en place de réseaux terrestres de transport d'énergie pétrolière et gazière du Golfe jusqu'au port de Gaza a, un temps, été envisagée. Mais les travaux entrepris ont été stoppés net, et le site portuaire a récemment été rasé par l'armée israélienne.
De même, la création d'une Banque de développement du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, sur le modèle de la BERD pour les pays de l'Europe de l'Est, avait été évoquée. Elle aurait été chargée de financer des projets de développement régionaux publics et privés. Mais la dégradation de la situation a enterré sans coup férir cette idée. La construction d'un gazoduc égypto-israélien demeure, pour l'instant, l'un des rares chantiers à n'avoir pas été remis en cause (selon le Jerusalem Post, les deux parties seraient même sur le point de parvenir à un accord sur « la fourniture à Israël de 1,7 milliard de m3/an, d'une valeur de 300 millions de dollars »). Pour une raison simple : selon le quotidien hébreu, « si ce projet est important pour Israël, il l'est encore plus pour l'Égypte ». En revanche, les autorités du Caire ont annoncé, le 17 avril dernier, la fin de la coopération avec Israël en matière de recherche et d'éducation dans le domaine agricole. Un secteur qui, jusque-là, avait été préservé des turbulences politiques.
Au lendemain de la signature des accords d'Oslo, les études portant sur les possibilités de développement économique au Moyen-Orient ont fleuri. Les nombreux facteurs de cohésion rapprochant les différents pays de la région étaient, il est vrai, fort prometteurs. A court terme, l'expansion du secteur touristique, grâce à l'instauration de la libre circulation des personnes entre Israël, les territoires palestiniens, la Jordanie, le Sinaï, les sites archéologiques égyptiens et les rivages de la mer Rouge, semblait relativement aisée à mettre en œuvre. Mais, là encore, les multiples projets qui ont été élaborés ont été mis à mal par les tensions politiques.
Les pays arabes ont fini par se persuader que l'idée d'une « Communauté économique et stratégique du Moyen-Orient » visait, dans l'esprit des Israéliens, à obtenir de facto la levée du boycott arabe frappant les marchandises de l'État hébreu, ainsi que la normalisation des relations avec ses voisins. Or, pour ces pays, une telle normalisation ne peut intervenir que dans le cadre d'un véritable accord de paix signé entre Israël et ses voisins. …
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