L'espoir de la gauche italienne

n° 96 - Été 2002

Richard Heuzé — Vous avez dirigé la CGIL pendant huit ans. En quoi cette Confédération a-t-elle changé sous votre mandat ?
Sergio Cofferati — Le nombre des adhérents est en croissance régulière, à la fois parmi les actifs et parmi les retraités. Je constate aussi un rajeunissement général des effectifs, tant au sein des instances dirigeantes que dans les manifestations de rue. Il s'agit de jeunes entrés depuis peu dans le monde du travail et qui commencent à peine leur activité syndicale. La Confédération consent également un effort important en direction du personnel intérimaire et précaire, dont les besoins restent difficiles à appréhender. L'employé ou l'ouvrier d'une grande entreprise a les mêmes intérêts que des dizaines, voire des centaines d'autres travailleurs. Ces collaborateurs occasionnels, eux, sont dispersés sur le territoire. Souvent, même, ils travaillent à domicile. Malgré ces obstacles, c'est, je crois, la mission d'une grande centrale que de se faire l'interprète de ces oubliés.


R. H. - Le monde syndical européen est globalement confronté à une érosion du nombre de ses adhérents qui va de pair avec la réduction des effectifs de la grande industrie. Ce phénomène est-il, selon vous, inéluctable ?
S. C. - Je peux répondre pour ce qui concerne la CGIL. Je vous l'ai dit, le nombre d'adhérents augmente. Depuis quatre ans, nous recommençons à recruter sur les lieux de production. La CGIL compte aujourd'hui cinq millions et demi d'inscrits, soit un Italien sur dix. Trente pour cent ont moins de 30 ans et plus de la moitié sont des femmes. Vous voyez qu'on ne peut pas parler de crise de recrutement. Au contraire.


R. H. - En Grande-Bretagne, le parti travailliste est l'émanation directe des syndicats. Pensez-vous qu'une centrale comme la CGIL devrait jouer un rôle politique ?
S. C. - Le mouvement syndical italien a une histoire différente. Les premières « Camere del lavoro » (« Chambres du travail », ancêtres des syndicats) ont vu le jour en 1891. Leurs statuts, dès l'origine, ont opéré une nette distinction entre représentation syndicale et activité politique. Au début du XXe siècle, les dirigeants de la première Confédération générale du travail (la CGdL) ont longuement débattu pour savoir s'il fallait transformer le mouvement syndical en un parti politique représentant le monde du travail. Ils ont finalement estimé que ce n'était pas opportun. Un siècle plus tard, cette décision me semble toujours aussi sage. Les syndicats sont une chose. Les partis en sont une autre. La force des uns doit s'appuyer sur la force des autres. Mais, inversement, je ne pense pas qu'un syndicat puisse rester longtemps puissant dans un environnement politique affaibli.


R. H. - L'opposition politique au gouvernement de Silvio Berlusconi joue-t-elle pleinement son rôle ?
S. C. - Elle dispose, en tout cas, de tous les instruments nécessaires pour remplir sa fonction d'opposition parlementaire. Quant aux formes que cette opposition doit revêtir, c'est à ses dirigeants d'en décider.


R. H. - Malgré vos dénégations, certains persistent à voir en vous le futur leader de l'opposition. …

Sommaire

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GEORGE BUSH ET "L'AXE DU MAL"

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ARABIE : LE TEMPS DES REFORMES ?

Entretien avec Prince talal ben abdel aziz al saoud par Hasni Abidi

LES DEFIS DE L'APRES-SADDAM

par Michaël O'hanlon et Philip Gordon

IRAK: BIENTÔT LA DELIVRANCE ...

Entretien avec Nadjib al salhi par Amir Taheri

RADIOGRAPHIE DE L'OPPOSITION IRAKIENNE

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LA JORDANIE ENTRE DEUX CRISES

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ISRAEL-PALESTINE: POUR UNE SOLUTION INTERNATIONALE

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SURVIVRE A TOUT PRIX ...

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NEGOCIER D'ABORD

Entretien avec Yossi Sarid

LA FACTURE DE L'INTIFADA

par Agnès Levallois

L'HONNEUR RETROUVE DU PAKISTAN

Entretien avec Pervez Moucharraf par Amir Taheri

NORD-SUD: LE NOUVEAU PARTENARIAT

Entretien avec Michel Camdessus par Yves Messarovitch

CHRONIQUE D'UNE VICTOIRE ANNONCEE

Entretien avec Edmund Stoiber par Jean-Paul PICAPER

QUATRE ANS QUI ONT CHANGE L'ALLEMAGNE ...

Entretien avec Julian Nida-Rümelin par Jean-Paul PICAPER

BERLUSCONI, AN I

par Marc Lazar

CAP SUR L'EUROPE

Entretien avec Gianfranco Fini par Richard Heuzé

L'espoir de la gauche italienne

Entretien avec Sergio Cofferati par Richard Heuzé

EN FINIR AVEC LE LAOGAÏ ...

Entretien avec Harry Wu par Alexandra Leroux

CHINE: LES ZONES GRISES DE LA LIBERTE

par Liu Xiaobo

RUSSIE : UN HOMME D'INFLUENCE

Entretien avec Evgueni Primakov par Galia ACKERMAN