Amir Taheri - Monsieur le Président, vous avez organisé, le 30 avril, un référendum visant à prolonger votre mandat présidentiel de cinq ans. Pourquoi ?
Pervez Moucharraf - Tout le monde en conviendra : après deux ans et demi de gouvernement, notre bilan est positif. Au moment où nous sommes parvenus au pouvoir, le Pakistan traversait une grave crise : le pays était sur le point d'être déclaré « État terroriste » ; l'économie était rongée par la corruption ; on nous disait au bord de la faillite ; et certains nous voyaient déjà en cessation de paiements. En l'espace de quelques mois, nous avons opéré un retournement de tendance complet. Le Pakistan a retrouvé sa dignité et l'économie son dynamisme. Les réformes que nous avons engagées commencent à donner des résultats. Mais j'ai toujours pensé que, quoi que nous fassions dans quelque domaine que ce soit, ces efforts ne serviront à rien tant que nous ne prendrons pas appui sur un socle véritablement démocratique. En octobre 1999, mon gouvernement a présenté un programme en sept points (3) et s'y est tenu. Quant à moi, j'ai, en toutes occasions, entretenu un dialogue direct avec le peuple et recherché son soutien. Le référendum du 30 avril s'inscrit dans le prolongement de cette politique de consultation permanente. Je voulais savoir si les gens étaient satisfaits de ce que nous avions réalisé et s'ils désiraient me laisser continuer à mettre en œuvre un programme visant à restaurer la prospérité et la grandeur de la nation pakistanaise.
A. T. - Lors de la campagne référendaire, vous avez particulièrement insisté sur le thème de la démocratie. Or certains de vos détracteurs considèrent que ce référendum est, en lui-même, un acte anti-démocratique !
P. M. - Cette opinion est propagée à la fois par ceux qui ne comprennent pas ma démarche et par ceux qui veulent semer le doute dans l'esprit du peuple. Mais il n'y a pas de modèle démocratique unique. Pour pouvoir s'enraciner, la démocratie doit être adaptée aux spécificités locales. Au Pakistan, elle n'est viable qu'à quatre conditions. Premièrement, il faut instaurer un équilibre des pouvoirs entre le président, le premier ministre et le chef des armées. Deuxièmement, l'intérêt de la nation doit prévaloir sur tous les intérêts particuliers et partisans. Nous savons qu'il n'en a pas toujours été ainsi par le passé. Les lois ont été manipulées et notre économie a été livrée à des appétits personnels mesquins. Troisièmement, les réformes doivent s'inscrire dans la durée. On a vu jadis des gouvernements suspendre, voire prendre le contre-pied de réformes engagées par leurs prédécesseurs simplement parce qu'elles ne correspondaient pas à leurs propres intérêts. Aucune démocratie ne peut fonctionner sans cette volonté de réforme continue et sans cesse renouvelée. Quatrièmement, il faut en finir avec les rivalités entre provinces. Le Pakistan est un État fédéral et j'ai l'intention de consolider ses structures locales, provinciales et régionales. Mais cela ne signifie pas que nous tolérerons des voix discordantes au sein de la fédération. En …
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