Emmanuel Halperin - Pensez-vous toujours qu'une paix réelle entre Israël et un futur État palestinien soit possible ?
Yossi Sarid - Ces derniers temps, plutôt que de parler d'une paix véritable, je me contente d'espérer un règlement. Je n'irai pas jusqu'à proposer au mouvement « La paix maintenant » de changer d'appellation, mais il nous faudra être patients. A vrai dire, il n'y a qu'un règlement possible et tout le monde en connaît les grandes lignes. Nous y parviendrons un jour ou l'autre. Reste à savoir quand. Les paramètres sont très clairs : Israël se repliera sur les frontières de 1967, moyennant quelques « rectifications mineures » de leur tracé, et évacuera l'essentiel des implantations juives. S'il ne tenait qu'à moi, je dirais « toutes » les implantations, mais ce ne serait pas réaliste. Certaines d'entre elles pourront être maintenues au titre des « rectifications » et des échanges de territoires.
E. H. - Gilo et les autres quartiers construits par Israël à Jérusalem-Est depuis 1967 doivent-ils être considérés comme des implantations ?
Y. S. - Au-delà d'un certain seuil, le débat idéologique perd toute pertinence. Le « plan Clinton » prévoyait de diviser Jérusalem selon le critère suivant : ce qui est juif revient à Israël, ce qui est musulman aux musulmans, et ce qui est chrétien aux chrétiens. Par conséquent, Gilo et les autres quartiers juifs feront partie du territoire de l'État d'Israël. Mais je vais plus loin. Prenez une implantation comme Maalé Adoumim, une grande cité située à l'est de Jérusalem, sur la route de Jéricho. Je ne propose pas de l'évacuer, tout simplement parce que ce n'est pas possible, étant donné sa situation géographique, à proximité de l'ancienne frontière, et parce que 20 000 Israéliens y vivent. Je sais bien qu'il y a au sein de la gauche israélienne - comme d'ailleurs dans la gauche française - des gens qui adorent grimper aux murs. Ce n'est pas mon cas. Il faudra inclure l'agglomération de Maalé Adoumim dans le cadre des « modifications mineures » que je viens d'évoquer.
E. H. - Accepteriez-vous un partage de Jérusalem ?
Y. S. - A une époque, je pensais qu'on pourrait l'éviter. Mais le temps n'a pas joué en notre faveur. Si nous avions proposé la création d'un État palestinien il y a vingt ans, peut-être aurions-nous pu obtenir Jérusalem-Est en échange. Ce n'est évidemment plus envisageable aujourd'hui, puisque l'État palestinien est devenu un acquis.
E. H. - Vous suggérez de scinder Jérusalem en trois parties. S'agit-il d'un partage politique ?
Y. S. - Sur le plan politique, la ville serait partagée en deux, mais il nous faut aussi tenir compte de la question des Lieux saints, et donc leur assurer un statut spécial - y compris les Lieux saints du christianisme qui sont et seront administrés par les communautés chrétiennes.
E. H. - Vous venez également de mentionner l'éventualité d'un échange de territoires. Vous l'aviez déjà évoqué à Taba : une petite portion de la Cisjordanie contre la région …
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