Les Grands de ce monde s'expriment dans

SURVIVRE A TOUT PRIX ...

Emmanuel Halperin - Israël se trouve-t-il dans une impasse politique ?
Ouzi Landau - En réalité, il n'y a jamais eu de solution politique en vue, à quelque moment que ce fût. Quiconque viendrait nous dire aujourd'hui qu'une issue pacifique est à portée de la main, serait aussi peu crédible que les artisans des accords d'Oslo (1) qui nous promettaient la paix et proposaient de livrer des armes aux Palestiniens pour qu'ils combattent le terrorisme à notre place ! Il faut bien voir qu'en face de nous, nous avons les Palestiniens ; et derrière eux, des États arabes qui soutiennent le terrorisme : leur objectif est, tout simplement, de nous détruire. Ils n'ont pas perdu cet espoir. Et tant qu'il continuera à vivre dans leur cœur, ils n'y renonceront pas.
E. H. - Les États arabes avec lesquels Jérusalem a conclu des traités de paix - l'Égypte et la Jordanie - ou ceux qui entretiennent avec votre gouvernement des relations partielles, comme le Maroc et certains États du Golfe, veulent-ils, eux aussi, qu'Israël soit rayé de la carte ?
O. L. - Pas dans l'immédiat. Mais, à plus long terme, c'est bien le rêve que caresse l'ensemble du monde arabe. Cela dit, il ne s'agit pas de mener une politique étrangère à l'horizon du siècle prochain. Je veux juste assurer l'avenir de mes enfants, peut-être de mes petits-enfants, afin de leur permettre de vivre et de prospérer dans un État national souverain. Face aux Palestiniens, nous ne pouvons pas prendre les mêmes risques qu'avec l'Égypte ou avec la Jordanie. A vrai dire, nous n'avons pas seulement pris des risques : nous avons fait un pari dangereux - les accords d'Oslo - et nous avons échoué. Connaissez-vous un autre État au monde où, à quinze minutes de sa capitale - Jérusalem - à une demi-heure de sa métropole - Tel-Aviv - des terroristes se préparent à se faire exploser pour tuer des civils ? Un État dont le voisin tente - comme dans l'affaire des armes que nous avons interceptées sur le Karine A (2) - de se procurer des roquettes et des Katiousha pour menacer ses aéroports et ses installations militaires ? Une telle situation n'existe nulle part ailleurs.
E. H. - D'où la nécessité, selon vos adversaires politiques, de parvenir à un modus vivendi avec l'Autorité palestinienne. Même au prix de « sacrifices douloureux », pour reprendre une expression d'Ariel Sharon...
O. L. - C'est l'argument qui nous a conduits à signer les accords d'Oslo et qui nous fait faire, depuis huit ans, des concessions unilatérales. Et c'est aussi l'argument qu'a fait valoir Ehoud Barak, avant les négociations de Camp David, en 2000. Au nom d'un indispensable compromis, il était prêt à renoncer à toute la vallée du Jourdain et à Jérusalem...
E. H. - A la moitié de Jérusalem, à la Vieille Ville...
O. L. - Je dis bien à Jérusalem, la ville historique. Il a même proposé d'échanger des territoires au-delà d'un retour aux frontières de 1967. …