EN FINIR AVEC LES ARMES "SALES" ... En juin 2001, le Center for Strategic and International Studies (CSIS) de Washington organisa, dans une relative indifférence, un exercice qui visait à évaluer les conséquences d'une attaque bio-terroriste sur le territoire des Etats-Unis. Les enseignements de cette simulation, baptisée «Dark Winter», et à laquelle participèrent de nombreuses personnalités ayant occupé des fonctions éminentes au sein des précédentes Administrations, furent édifiants: trois millions d'Américains contractèrent la variole — l'agent biologique retenu dans le cadre du scénario — et près d'un million en moururent; le pays fut plongé dans un chaos sans précédent et le système de santé complètement dépassé par l'ampleur de l'épidémie qui s'étendit au-delà des frontières. Tragique ironie de l'Histoire, quelques mois plus tard, les Etats-Unis étaient la cible d'une attaque bio-terroriste, bien réelle cette fois, à l'aide d'enveloppes contaminées par des spores de la maladie du charbon. Une vingtaine de personnes furent touchées, dont cinq décédèrent après avoir développé la maladie. Au lendemain de cet épisode de terrorisme biologique, mais aussi au moment où le gouvernement américain envisage une intervention militaire contre l'Irak en raison de son possible réarmement chimique et biologique, il paraît opportun de dresser un état des lieux en matière de prolifération et de désarmement. En toute logique, la question des armes biologiques et chimiques devrait appartenir au passé. La Convention d'interdiction des armes biologiques (CIAB), signée en 1972 à Washington, interdit en effet «le développement, la production, le stockage, l'acquisition ou le transfert d'agents biologiques ou à toxines (...) qui n'ont pas de justifications pour des utilisations en prophylaxie, protection et autres applications pacifiques». De même, la Convention d'interdiction des armes chimiques (CIAC), signée en 1992 à Paris, prohibe la mise au point, la fabrication, le stockage et l'emploi des armes chimiques; impose aux Etats signataires la destruction de leurs stocks éventuels; et met en oeuvre, pour la première fois dans l'histoire du désarmement, un régime de vérification intrusif des engagements contractés par un corps d'inspecteurs internationaux. Or, malgré ces précautions, ces armes continuent de focaliser l'attention de la communauté internationale depuis plus de dix ans. Trois facteurs ont concouru à ce regain d'intérêt. Le premier est lié à la menace irakienne. Ce pays, comme l'ont démontré les travaux de la Commission spéciale des Nations unies (UNSCOM) après la guerre du Golfe, s'était doté d'un arsenal cohérent d'armements biologiques et chimiques. Le deuxième concerne la Russie. Dépositaire de la CIAB, l'URSS avait néanmoins édifié, en violation totale de ses engagements, un vaste programme de militarisation d'agents biologiques dont l'ampleur ne fut découverte qu'au début des années 1990 grâce aux révélations de plusieurs transfuges russes (dont l'un des principaux responsables du programme biologique militaire soviétique). Le troisième, enfin, se rapporte à l'attentat au gaz sarin perpétré dans le métro de Tokyo en mars 1995 par une secte millénariste japonaise. Qu'est-ce qu'une arme chimique et biologique? Le terme d'«arme chimique», plus adéquat que celui de «gaz toxique» ou de «gaz de combat» dans la mesure où il ne …
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