Politique Internationale - Monsieur Hamza, l'Irak peut-il réellement devenir une puissance nucléaire ?
Khidhir Hamza - L'Irak est sur le point de devenir une puissance nucléaire. Il devrait y parvenir d'ici deux à trois ans. Sauf bouleversement majeur, rien ne pourra arrêter ou inverser ses efforts dans ce domaine, pour plusieurs raisons. D'abord, il faut savoir que tout programme de ce genre repose sur trois éléments : des équipes de scientifiques et d'ingénieurs qualifiées ; des connaissances techniques suffisantes ; des équipements et des bâtiments adéquats. Or les inspections de l'ONU n'ont porté, au début, que sur les équipements et les bâtiments. On s'est contenté de les détruire et d'en compliquer le rachat ou la reconstruction, par le biais d'un système de surveillance. Dans un premier temps, je le répète, le processus de « désarmement de l'Irak négligeait totalement les facteurs humain et scientifique. Ce n'est que bien plus tard que l'ONU s'est intéressée à ces questions. Mais Saddam Hussein avait eu le temps de trouver une parade. Il a déclaré que la majeure partie du personnel concerné appartenait au « secteur civil et qu'il ne pouvait donc pas être interrogé. Devant l'insistance des inspecteurs, il a déclenché une virulente campagne de presse qui les présentait comme des « vampires venus « sucer le sang de l'Irak. Il a fallu beaucoup de temps, et d'efforts, à ces inspecteurs pour arriver à localiser et à interroger des scientifiques travaillant dans le secteur militaire. Et dans les rares cas où ils y sont parvenus, les entretiens se sont déroulés sous la surveillance de « gardes du corps qui étaient là pour s'assurer qu'aucune information nouvelle n'en sortirait ! Il est intéressant de noter que si l'Irak a accepté sans trop de réticences la destruction de certains de ses sites, il a en revanche restreint avec véhémence l'accès à ses chercheurs. Il avait compris, bien avant l'ONU, en quoi consistait réellement le désarmement...
P. I. - Vous estimez que l'Irak deviendra une puissance nucléaire d'ici deux à trois ans. Or le « Rapport sur les armes de destruction massive de l'Irak publié en septembre dernier par les autorités britanniques affirme que l'Irak n'y parviendra que dans cinq ans. Que doit-on en penser ?
K. H. - Le délai qu'il indique est plus long que celui sur lequel s'accordent la plupart des experts, les anciens inspecteurs de l'ONU et le gouvernement américain. En réalité, le rapport britannique ressemble plus à un document d'information destiné au grand public qu'à un rapport confidentiel établi par un service de renseignement. Il fait le point sur les connaissances actuelles et ne contient que peu de découvertes. Je l'ai trouvé plus faible et moins complet sur la question du nucléaire que sur les armes bactériologiques et chimiques. Il manque les analyses critiques que l'on peut trouver dans les meilleurs rapports de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). On peut d'ailleurs s'étonner du manque de communication entre les services de renseignement anglais et l'AIEA. Dans un communiqué publié le 9 …
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