Un an après les attentats du 11 septembre, à la veille — peut-être — d'une opération militaire en Irak, l'économie mondiale s'apprête-t-elle à replonger dans la récession ou, au contraire, est-elle déjà en train d'en émerger ? Quelles peuvent être les conséquences économiques d'une guerre ? Enfin, après la période faste qu'ont connue les États-Unis et l'Europe à la fin des années 1990, les incertitudes actuelles risquent-elles de se traduire, sur le plan commercial, par des tensions transatlantiques ?
Une récession en U, en V ou en W ?
Depuis le début de la phase de faible croissance enregistrée aux États-Unis, au printemps 2001, les experts ne cessent de s'interroger sur l'ampleur et la durée prévisible de la récession. Malgré le caractère apparemment ésotérique d'un tel débat, cette question est essentielle, non seulement pour l'Amérique mais pour l'ensemble du monde.
En attendant la reprise américaine
Pour la première fois depuis longtemps, les trois principales économies de la planète — Europe, Japon, États-Unis — sont en crise simultanément. Pourquoi, alors, focaliser l'attention sur les seuls États-Unis ?
Tout d'abord, l'économie américaine a, au cours des dix dernières années, connu des performances bien meilleures que celles des deux autres grands blocs. Lors des « trous d'air » rencontrés par l'économie mondiale — les crises financières de 1997 et 1998 provoquées, respectivement, par l'effondrement du baht thaïlandais et par celui du rouble —, le salut est toujours venu des États-Unis, où la combinaison de la politique avisée de Bill Clinton, du génie tant célébré d'Alan Greenspan et des gains de productivité permis par la « nouvelle économie » semblait pouvoir défier tous les aléas.
Ensuite, ni le Japon ni l'Europe ne sont aujourd'hui en mesure de relancer l'économie mondiale. Après plus de dix ans de stagnation, avec une dette publique colossale et des taux d'intérêt déjà proches de zéro, le Japon ne dispose de pratiquement aucun instrument de politique économique ; il est contraint, dans une large mesure, d'attendre une amélioration de l'extérieur. Quant à l'Union européenne, sa situation est meilleure mais ses moyens d'action restent limités. N'ayant pas réussi à diminuer massivement la dette publique pendant les années de vaches grasses (à l'exception de l'Italie dont les finances publiques étaient dans un état critique), les grands pays européens se trouvent fort dépourvus en cette période de vaches maigres — d'autant que les clauses du traité d'Amsterdam limitent le recours des États à la relance budgétaire. Une ample relance monétaire semble également peu probable, à la fois parce que la diversité des situations nationales complique la tâche des autorités de Francfort et parce que l'objectif d'un taux d'inflation de 2 % interdit toute politique ambitieuse dans ce domaine. Les regards se tournent donc, comme si souvent, vers les États-Unis.
Les États-Unis en crise
De prime abord, les nouvelles venues des États-Unis depuis le printemps 2001 font penser au Japon des années 1990 : les indices qui se succèdent de mois en mois sur le chômage, le PNB, l'investissement des entreprises ou le nombre …
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