Les Grands de ce monde s'expriment dans

LIBYE : LA FIN DU PURGATOIRE

Amir Taheri - Vous multipliez les visites dans les capitales européennes. Vous êtes venu témoigner dans un procès en diffamation que vous avez intenté au quotidien britannique Sunday Telegraph, en avril dernier. Vous avez fait de très nombreuses déclarations. Quelles raisons expliquent cette activité débordante ?
Seif al-Islam Kadhafi - Je n'occupe aucune position officielle au sein du gouvernement libyen. Je suis un simple citoyen. Mais cela ne m'empêche pas de me sentir concerné par tous les sujets qui touchent mon peuple. Je n'hésite donc pas à m'exprimer publiquement sur ces questions, quand j'en ai l'occasion. Mon but est de présenter à l'opinion occidentale une meilleure image, une image plus réaliste, de mon pays. La Libye a été diabolisée pendant des années. Elle n'a jamais eu la chance de présenter sa défense ! C'est pour cette raison que j'ai intenté un procès en diffamation au journal dont vous parlez. Il m'avait accusé d'avoir aidé à distribuer de la fausse monnaie en Iran. J'ai gagné mon procès, sans aucune réserve. Le journal a été condamné à s'excuser et à me verser des dommages et intérêts (1). Je pense que la plupart des accusations calomnieuses qui ont été portées à l'encontre de mon pays, et en particulier de mon père, pourraient être réfutées de la même manière.
A. T. - Concentrons-nous sur l'une de ces accusations. Un ancien haut responsable de votre pays, Abdel Baset Ali Mohamed al-Megrahi, qui occupait avant son arrestation les fonctions de chef de la sécurité des Lignes arabes libyennes, a été jugé coupable d'avoir planifié l'attentat contre le Boeing de Lockerbie, qui a entraîné la mort de 291 personnes, en décembre 1988. Il a été condamné à la prison à vie. Quelle est votre explication ?
S. K. - Cet homme a été condamné au terme d'un procès injuste et irrégulier ! Le tribunal a fondé sa décision sur des éléments extrêmement minces. Plusieurs des témoins qui ont comparu à la barre étaient à l'évidence des employés de la CIA. J'ai la conviction qu'Ali al-Megrahi est innocent et cet avis est partagé par un très grand nombre d'experts non libyens, d'avocats et de journalistes. Nelson Mandela s'est déplacé en personne pour rencontrer le prisonnier et exiger la révision de son procès par la Cour européenne des droits de l'homme. Pensez-vous qu'un homme comme Mandela aurait agi de la sorte s'il avait eu le moindre doute sur l'innocence de ce condamné (2) ?
A. T. - Mais si votre gouvernement était réellement convaincu de son innocence, pourquoi avoir accepté de l'extrader et de le livrer à la justice écossaise, ainsi que l'autre suspect libyen, Al Amine Khalifa Fhimah ?
S. K. - Nous l'avons fait pour démontrer notre bonne foi et alléger les sanctions qui ont rendu la vie si difficile à notre peuple (3). Nous attendions beaucoup de la médiation entreprise par Nelson Mandela. Celui-ci avait, en effet, obtenu un accord prévoyant la levée de toutes les sanctions en échange de la remise des deux suspects. Cela …